Madeleine la dévisage. Son regard insiste sur la forme enfantine de son nez, la couleur de ses yeux, balaie sa silhouette du front jusqu’à ses pieds emprisonnés dans ses baskets puis relève la tête.
— Comment tu t’appelles ?
— Camille.
— Camille comment ?
Augustine s’étonne de ne pas lui avoir demandé. Peut-être l’avait-elle fait, elle ne s’en souvenait pas. Sans attendre sa réponse Madeleine parcourt les portraits cloués aux murs de la cuisine.
— Tu es d’ici ?
— De l’ile, en face.
Elle la regarde encore fixement puis disparaît par l’escalier. Camille et Augustine entendent bientôt les portes s’ouvrir et se refermer, les tiroirs frotter aux montants des commodes. A la comtoise, le temps s’égrène et dans les yeux d’Augustine une pellicule d’oubli semble se dissiper.
— Rentrons, on verra Madeleine à l’heure du thé.
Camille remonte l’allée comme si elle remontait à la surface du monde, la boite d’œufs serrée contre sa poitrine. Agenouillée sur la berge elle rapproche la barque vers elle. Aucun reflet à la surface de l’eau verdâtre, seules les racines des herbes aquatiques se mêlent sans attaches. […]
— Je partirai demain.
— Non, tu dois rester, insiste Augustine.
Le texte s'inscrit dans le chantier en cours par le prélude d'une révélation qui n'est pas encore là. Exercice difficile, manque de hauteur, de liberté.