Celui-ci. Posé à plat sur la rangée de bouquins dans la bibliothèque. Au hasard. (Parfois Il se déplace – quelle magie – quelle anarchie – quelle impulsion – quelle nécessité ?) Aujourd’hui sa nomination. Élu pour figurer en prologue à côté de tous les autres racontés pour dire comment se fait carnet ! – griffonnés gribouillés jaunis remplis ou moitié vierges avortés – toute la variété à peine esquissée : les longs les carrés les fins les épais, se tiennent ou non à carreaux, avec et sans signets, doux durs à caresser. En somme un parmi d’autres du peuple immense et discret des carnets. Noir. Allongé sur le rayon Faulkner – mélange de Folio/Gallimard/Poche. Livres de tailles inégales, carnet de guingois – air penché comme un clin d’œil. Connivence. Familier. D’apparence seulement délaissé – importance de le savoir là : l’œil parfois trouve caresse invente le carnet au sommet : Si je t’oublie Jérusalem Absalon La ville Le hameau Pylône L’intrus L’intrus (oui, 2 fois ?!) Le caïd et autres nouvelles Sartoris. Ça précède bien sûr dans l’avant continue évidemment dans le plus loin mais voilà c’est pour te dire la longueur du carnet un peu de biais et je l’ai dit, de guingois. Vieux. D’autres bien sûr sont venus succédant à çuilà. Sous les piles de papier du bureau bois miel, dans le sac de l’appareil photo dans la poche du manteau sur d’autres livres etc… Mais des comme lui aucun. (Mais tu ne sais pas utiliser les carnets – tu t’en mets partout ! tu commences et tu finis rien – tu te disperses tu boulimismes anorexises déjectionnises. Tu ne sais plus ce qui s’écrit ni où s’écrit. Tu ne relis pas – tu ne relies pas.) C’est comme ça … Dans le carnet tu aurais dû le noter, en travers et en gros : POURQUOI ? Compact. Tient dans la main. Peu pratique finalement. Pages plutôt étroites. Difficile de l’ouvrir bien à plat, laisser filer le stylo jusqu’au bord c’est se jeter dans le vide chuter recommencer chuter encore. Dedans de tout : des rêves des notes de conférences, choses vues – entendues, des idées clignotantes … Lumineuses éteintes lumineuses. Des schémas du bleu du noir des images des phrases des visages flottent… Tiré un jour de la poche de la veste bleu-marine en coton rêche. Sur les genoux ? Sur la tablette rabattante de la chaise ! Le visage se rapproche… Bruissement de la salle, tiédeur des corps, le souffle roux dans l’oreille : « …mais qu’est-ce-que tu écris ? Fais voir… » ! Corné. Petites écorchures blanches au sommet et à la base de la reliure, blessures de peau, centré au bas de la couverture tatouage Moleskine. Sous son cuir à droite le petit repli du soufflet pour rangement minimaliste. La feuille en accordéon multilingue pour raconter Van Gogh Picasso Hemingway – Moleskine etc… Un post-it de Rendez-Vous : Mardi 10 Novembre à 18h45, Tampon bleu, Psychologue Psychothérapeute Psychanalyste, une page pliée repliée de libération, Lire le Mag, date 27 Septembre 2009, encadrés au bic bleu deux extraits d’articles « … est un auteur génial. On lui doit un des plus jolis titres de la littérature policière : Beyond this point are Monsters (Le territoire des monstres.) C’est ce que les cartographes de l’Antiquité écrivaient sur les bords de leurs cartes marines, pour indiquer la limite du monde connu. » et un autre pavé étroit également encadré plus bas : « … de Maugham lui-même. Dans ce livre (où il parle entre autres choses des journaux intimes des écrivains), il a une phrase qui est une des plus tristes et des plus sages que je connaisse : « On se lasse même des bonnes choses. » Près de moi carnet obstiné en quête. Faussement repu derrière son élastique en bandoulière.
tout pareil : pourquoi ? posté synchrones, c’est dire – et j’en ai enlevé !
ah ben ! J’y vais de ce pas !
un régal, à lire à haute-voix en souriant peut-être pour prendre le temps
beau, profonds souvent
mais je retiens « Mais tu ne sais pas utiliser les carnets – tu t’en mets partout ! tu commences et tu finis rien – tu te disperses tu boulimismes anorexises déjectionnises »… et sans l’appliquer à qui que ce soit je savoure