Ce texte a été mis en voix à l’épisode 5 du podcast poétique La Marcheuse. À retrouver aussi ici.
Ouvrir les yeux DEVANT la musique vers soi DEVANT le choc DEVANT rien n’est écrit DEVANT la faux la faucille la fosse la fossette la froussette DEVANT l’état stationnaire Ricardo la loi des rendements décroissants l’épuisement des sols la surpopulation les zombies DEVANT le chocolat fondu la suspension buvable DEVANT le rythme senti tout contre le doudou bombe DEVANT ce mal de tête qui me flingue DEVANT piano panier DEVANT la danse le plan la perspective DEVANT pourquoi Platon pourquoi toujours Platon pourquoi pas Héraclite pour une fois DEVANT ma fille mon visage d’enfant dans une autre vie DEVANT épuiser le flux accepter les bras grands ouverts la rareté DEVANT qu’espérer je n’ai pas cotisé espérer le minimum vieillesse tirer la langue à la béance ouverte par le bénévolat DEVANT l’abîme DEVANT le sol qui n’en finit pas de s’effondrer DEVANT la pauvreté devenue misère DEVANT ouap ouap ouap DEVANT peut-être la mort de ma mère la mort de ma l’impensable qui ne veut pas être dit toucher du bois toucher du bois DEVANT des milliards de bébés feuilles la nature pugnace et danser avec les mains DEVANT le tronc avant arrière un bêlement intérieur espérer que le silence se fasse DEVANT Qu’est-ce que t’as doudou dis donc connaître les élans de solidarité la charité la colère de toujours recevoir DEVANT l’odeur des autres et la mienne qui ne changera plus DEVANT une vieille dame transporte une petite voiture essuie soigneusement le banc avec le mouchoir carré s’assoit lance avec mille précautions la petite voiture DEVANT tous ces écrans publicitaires ces vitrines ces offres promotionnelles en rouge et jaune ces emballages ces opercules à encore devoir supporter DEVANT avec les œillères le mors la bave aux lèvres la croupe frémissante tout tout DEVANT le miroir sans aménité et l’impossibilité jamais de bien le nettoyer DEVANT la chasse éperdue de la poussière les chiffons qui s’envolent et les gestes vifs de celle qui ne renonce pas quand tout aurait disparu il y aurait donc le ménage enfin une ancre inamovible dans l’océan c’est super DEVANT les cafards DEVANT les fleurs DEVANT les cafards DEVANT les fleurs DEVANT les caf CAF cafouillis DEVANT les voyages peu probables le salpêtre sur les murs les ciné de temps en temps DEVANT la faire tournoyer au sortir du bain chante chante danse et mets tes baskets DEVANT chouette DEVANT chercher les abeilles sauvages DEVANT je ne veux pas DEVANT marcher DEVANT morse d’appel au secours je frappe des mandibules DEVANT scansion étrillée DEVANT un geste un mouvement quelque chose ou bien rien DEVANT les mots bleus les stridences les risettes fatiguées DEVANT fatigue DEVANT un brochet en plastique mes lunettes brisées un écran un écran un masque DEVANT je pose du plâtre sur mon visage DEVANT ensemble en défilé la marche au printemps DEVANT un groupe d’escargots regardés à la loupe des petits monstres sous la pluie mon père est devenu un escargot je l’ai vu quand le corbillard est arrivé il était gigantesque et bienveillant DEVANT des bras qui s’ouvrent comme des ailes de papillon foncer tête baissée vers la tendresse DEVANT je vis encore je pense encore il faut encore que je vive car il faut encore que je pense DEVANT
On est aspiré par le texte qui sert le mot. J’aime les cassures et d’un coup on repart ailleurs autre temps autre personne autre scène… Très beau. Merci
Oh merci beaucoup ! je vais vous lire de ce pas !