Longtemps DEVANT il n’y avait rien longtemps DEVANT il n’y a eu plus rien longtemps DEVANT pas d’issue de secours DEVANT le noir d’inconnu DEVANT le noir sans issue DEVANT jamais la fin du tunnel DEVANT pas d’échappée visible DEVANT pas de fuite possible loin DEVANT ou juste DEVANT pas même une esquisse de ligne de fuite DEVANT une ligne d’horizon jamais révélée ou alors DEVANT crénelé en montagnes russes DEVANT accidenté incertain quand DEVANT n’est pas carrément un mur DEVANT un mur contre lequel dedans toujours se cogner DEVANT invisible plus qu’imprévisible parce que vue empêchée DEVANT vision troublée DEVANT flou brouillé DEVANT aucune visibilité alors toujours retour arrière DEVANT envahi des pans de mémoire DEVANT ces souvenirs jamais oubliés avancer DEVANT mais comment comment DEVANT quand le passé pas digéré parce que plus qu’indigeste bloque et tétanise comment DEVANT quand derrière oppresse et surtout DEVANT pourquoi DEVANT pour quoi DEVANT pour qui quand DEVANT pour soi plus envie quand DEVANT fatigue d’avance fatigue de pas avancer DEVANT jamais plus loin ou alors tellement trop loin DEVANT comment se délester du fardeau en arrière pour DEVANT voir DEVANT voir à côté peut-être tout à côté de soi avancer DEVANT mais main dans la main pour aller DEVANT à deux et alors voir DEVANT avec un autre aller pas à pas DEVANT délesté du fardeau du passé imaginer DEVANT et marcher tête droite relevée aller loin DEVANT en portant l’enfant en soi entrevoir DEVANT avec l’enfant dans ses bras DEVANT pour guider les pas de la chair de sa chair sourire enfin DEVANT ne plus fuir mais protéger pour que l’enfant avance DEVANT ne plus tomber face contre terre pour relever l’enfant DEVANT son petit bonhomme court et enfin aller au DEVANT de soi