Juste derrière nous juste là derrière le passé se collait à nos chairs encore moites mais la chaleur avait disparu alors désir désir encore que la chaleur descende s’aplatisse se creuse s’infiltre attaque bataille et gagne quand coule la sueur entre les seins en suivant leur sillon désir qu’elle remplisse d’eau tiède le nombril désir qu’elle descende explore le ventre le pubis la cuisse le genou la jambe et finisse par tomber sur le pied écarlate car le soleil frappe la peau désir d’un franc soleil Ce n’est pas un traître mais il n’était plus là et il n’y avait même pas le ciel Ce n’était plus le désert là où le ciel commence par le sol alors sans désir nous venait le pas sans désir le pied se soulevait pour allonger le pas sur le béton le bitume Sur le sable le pas s’enfonce avec le pied mais il n’y avait plus le sable et sans désir venait le chemin la voie la rue la route le plus souvent et sans désir le chemin la voie la rue la route menait à une impasse Elle ne s’ouvrait pas sur la mer désir que le bitume mollisse noir bleuté comme une flaque mais sans désir le ciel était à sa place bien au-dessus et les murs des maisons bien parallèles aux trottoirs sans désirs au loin le pont d’un chemin de fer se rapprochait au rythme de nos pas loin encore mais une place un arbre des lavandes des fleurs rouges violettes la voie semblait libre pas d’obstacle pour nos deux destins sans rebrousser chemin sans désirs la peur de n’être rien Plus jamais plus jamais ! et derrière nous le sable pour toujours derrière nous alors que nos désirs sans trêve et nos rêves d’avant nos désirs d’avant nous conduisaient à la rue qui épousait une pente les galets bosselés les brins d’herbe poussaient entre puis l’odeur s’engouffrait Elle est forte solide désir qu’elle s’approche qu’elle roule des épaules qu’elle enclenche sa course désir du bout de la rue fin abrupte des galets qui s’enfouissent dans le sable désirs et c’est la plage et l’éblouissement iodé ton rire comme un crachat d’amour à longue portée ton corps tes sens embarqués par la même consigne courir jusqu’à la mer désir du soleil blanc qui te freine t’aveugle t’enflamme désir de la mer qui mollement se couche invite chante lape tes pieds désir du bleu unique et d’un miroir pilé que le vent a semé désir de lumière casque d’or ciel soleil mer la caverne bleue blanc tu t’élances tu pénètres dedans le froid délicieux se propose tu cries Elle est bonne ! Elle est bonne ! et les paillettes de verre s’échappent, voguent plus loin tu les rattrapes, tu lèves la tête éclair blanc du désir tu clignes des yeux ! désirs tandis que l’horizon amasse les bateaux sur sa crête tes bras repoussent les flots le silence est léger comme l’air tranquille rien qu’une masse d’eau claire qui ronronne mais un ponton quelques planches se balancent lentement comme posées sur la mer désirs de ton corps qui s’agrippe, s’élance, se hausse, s’allonge tout autour bleu scintille par-dessus tout autour soleil blanc Calme plat puis le soleil chute la plage le sable paraît noir trop de monde ou le soir le plongeon, la force vive de tes bras la rue en pente les galets qui tordent tes chevilles sans désirs le chemin n’était plus de traverse sans désir la façade de la gare en pierres blanches la double porte en verre le bruit des battants que des gens poussaient sans nos désirs l’horloge affichait l’heure Celle qui exige d’avancer sans regarder derrière sans désir il n’y avait pas le quai mais le bruit d’un train qui entre en gare les bancs contre les murs la queue aux guichets le sol qui luisait au soleil ça faisait des rayures les dernières du jour sans désir sans recul possible dans le dos s’arracher le passé comme une membrane morte et monter sans bagage sans désirs le train s’était aligné sur le quai et la porte s’ouvrait sur le couloir du wagon désert le wagon trente cinquante sièges libres trop de choix pour deux Ton bras se pose sur l’accoudoir et ta tête se penche pour rejoindre le poing qui la soutient tes paupières clignent se ferment il n’y a plus que tes rêves et nos désirs avec.
Les désirs sont sur ma route et il semble -pour l’instant- que je n’ai pas mon mot à dire.