Des yeux comme ça. Assise à son bureau, de trois quarts, ses yeux balayent la salle, là et pas là, reprenant d’année en année Le Cid et Scapin. Des yeux comme ça, clairs et trompeurs.
Des cheveux roux, impeccables, bouclés. Assise à son bureau, de trois quarts, dictant en accentuant les pluriels et les féminins, l’air absent, le regard au dehors. Le soleil lui chauffe les joues.
Des taches de rousseur, un ciel étoilé en plein jour. Assise à son bureau, de trois quarts, la main sur la pile de copies corrigées, toutes mauvaises. Elle désespère. Encore une année qui s’étire.
Un nez arqué. Assise à son bureau, de trois quarts, elle récite l’alphabet grec, le plaisir à chaque lettre prononcée, les élèves répètent sans comprendre ce qui l’anime.
Une oreille à laquelle pend une boucle argent et turquoise. Assise à son bureau, de trois quarts, elle enclenche la bande froissée. La voix de Gérard Philipe. Elle ferme les yeux. On dirait qu’elle dort.
Lèvres fines, sourire sans sourire. Assise à son bureau, de trois quarts, Apollinaire en main. « Soleil cou coupé » en murmure. L’année touche à sa fin. Leurs noms lui échappent déjà.