Nous étions en terrasse, nous n’avions pas froid. L’alcool réchauffe les nuits. Il n’y a pas de vent. Nos fumées atteignent le ciel et parfument l’air comme une fumée rituelle. Nous pensons, à tort ou à raison, que nos conversations volent aussi haut qu’elles. Nous aimons ce pub. L’hiver on y fume à l’intérieur, c’est interdit par la loi mais c’est autorisé par le patron. Mais ce soir je veux danser les pieds dans l’eau. Nous longeons Les Sanguinaires, la mer n’est pas la même la nuit, elle est encore plus belle. La lune se reflète dans les vagues, je suis submergée par leur lumière. Paillote du Scudo, n’allons pas plus loin, il faudra rentrer. Les flashs des projecteurs se reflètent sur l’eau rose, bleu, mauve. J’aperçois un connard jeter sa clope sur le sable, je vois rouge sang mais on préfère partir. Il est déjà presque quatre heures et demie, nous n’avons plus que deux heures d’avance sur le jour. Même la musique me dérange. Le chemin du retour est le même mais paraît bien plus long qu’à l’aller. Le bruit des vagues ne fait plus battre mon cœur mais tourner ma tête. Le reflet des étoiles glissant sur la mer semble s’échouer sur le rivage. Je vois des particules de diamant sur le sable. Et si je dormais là ? La ville a l’air si loin.