De trois quart

Ce visage qui t’arrive de trois quarts  comme une déflagration d’être

Cet effet d’infini distance dans le tout proche 

L’impatience du visage à se hisser au rang de mémoire 

Du visage on ne sait pas le nom c’est quelqu’un qui se retourne 

Impression d’elle qui t’arrive comme par effraction 

C’est elle on dirait mais avec cette lumière qu’on a en plein visage avec les cheveux courts le vent qui les soulève on prend un temps avant de dire Elle

Elle te dit quelque chose elle te rappelle quelqu’un ou quelqu’une

C’est un visage d’Elle dont on ne sait rien.

C’est un visage d’abord de rien

C’est dehors sur un bateau un grand bateau blanc qui relie les iles aux iles.  C’est en plein vent au bastingage cette nuque brune éméchée 

Elle se retourne parce que tu la regardes 

Mes yeux sur elle 

— Celle qui se retournait dans la lumière à midi ? 

— La jeune fille aux cheveux courts ?

— Tu l’as donc vue aussi ?

C’est qu’il vous frappe en plein visage ce visage de rien 

— C’est trois fois rien, dit le visage. Comme tant d’autres, il dit.  Je suis.  

— Je suis dit le visage. Et encore : cherche moi 

Jeunesse à couper le souffle   « nous aussi … autrefois »

Tu as dit qu’il y avait trop de lumière pour voir. Tu as parlé de contre jour. Une impression rien de plus. 

Ce mouvement de se retourner mais pas complètement.  Les yeux qui te regardent dans l’obliquité du trois quart. Ni face ni profil. Dans le trois-quarts la trace d’un mouvement. 

Giacometti ne pendrait pas le visage de trois quarts  à part le sien bien entendu. 

Dans l’autoportrait  le trois quart

Ce n’est pas un autoportrait

A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

6 commentaires à propos de “De trois quart”

  1. poème, qui change de pied parfois (enfin change de forme) mais garde profondément cette unité poétique

    • Merci Brigitte – changé de pied ou de forme sans le savoir – il y avait ce visage à entrevoir qui faisait lignes