Le poil. Le pile. Le cheveu (à un cheveu près, un poil). Sans couper le cheveu en quatre, il y a une nuance entre cheveu et poil. Que toutes les langues ne font pas. Un cheveu sur la langue. Un cil dans l’œil. Un sourcil surbaissé. Un baiser sur paupières closes. Un poil du cul. Une racine. Une tignasse ébourriffée. Un peigne ne venant pas au bout des nœuds. Une paire de ciseaux. Une fille en costume traditionnel bavarois, une natte autour de la tête. Un crâne d’œuf. Un chapeau à plume. Des Allemandes avec du poil aux mollets. Elles disent que c’est la nature. Elles se baignent facilement à poil dans les lacs des pré-Alpes. Une autre tresse mais attention, pas rikiki trois poils, de la vraie tresse à Natacha. Des pattes aux tempes. Des moustaches. Des favoris. Des barbes. Des rouflaquettes. Les papillottes des Ashkénazes. Un collier. Deux ou trois prophètes. Un poil dans la main. C’est tiré par les cheveux. Marie-Madeleine. Un pélican. Un poêle. Et même une tonsure, un gant de crin, de la laine de chameau. Une toison baudelairienne qui vraiment est la sœur de cette épaisse chevelure. Des sexes épilés, un présent aseptisé. Un présent horripilé par la pilosité. Des sexes qu’on devine dans des tenues moulées. Les bras poilus des débardeurs. Les cuisses persillées des filles. Un duvet. Un oreiller. Un plumard. Une envie velue. Une nuit obscure.
Chère Arachnophile (aime beaucoup), moi qui vient de passer des heures à penser aux cheveux, ayant envie de changer « d’atmosphère » voilà que je tombe sur sur votre texte…Quand je pense que j’ai omis de mentionner Marie-Madeleine ! Heureuse de la retrouver par ici.
Merci Alice, je viens donc de découvrir votre commentaire et votre texte. Si vous voulez rajouter Marie-Madeleine, je n’ai aucune exclusivité sur le personnage ! Tressons nos inspirations, c’est la force d’un atelier. D’ailleurs sans la citer vous l’évoquez avec ces femmes qui cachent leurs cheveux. Connaissez-vous l’essai de Daniel Arasse, « On n’y voit rien » ? Je vous conseille son chapitre sur Marie-Madeleine qui commence par ces mots : « Dire que Madeleine était une fausse blonde, franchement, ça ne résoudrait rien. »
Tiens j’ai failli faire le poil aussi. J’aime ce mot. Et ce dicton catalan « on hi ha pèl hi ha alegria » — « là où il y a du poil il y a de la joie ». Merci
Est-ce pour cela que l’on dit « se poiler » ?
Animale on se balade à l’ombre des poils, on se glisse dans les cheveux tressés. Forêt enchantée à partir de cet élément bien mal aimé qu’on ne pense qu’à épiler. belle réhabilitation du poil.
Votre commentaire m’avait échappé, merci bizaz !