Je le retrouve dans le bus de 8h. On se salue. Je sais qu’il prend son service à 9h. L’autre jour on a parlé, il a la même trotinette que mon petit fils, aussi grosse, mais pas la même marque. Il n’a jamais eu aucun problème de panne avec. C’est comme ça que j’avais engagé la conversation en évoquant les multiples pannes et crevaisons d’Antonio. Il part en bus le matin et rentre en trotinette le soir de Valence à Chabeuil, 13km dans la nuit. A Valence, les bus s’arrêtent à 20h. Le bus était vide, il avait le temps, c’était son jour de congé et il avait posé pour moi.
Je lui avais alors demandé ce qu’il faisait. Cusinier. Cuisinier, black. J’imaginais un resturant antillais à Chabeuil et c’est tout juste si je n’avais pas montré mon étonnement cherchant une manière de lui faire préciser de quelles recettes exotiques il était spécialiste.
Cuisinier oui, mais cuisinier chez Anne-Sophie Pic, le restaurant triplement étoilé de Valence. La maison PIC, 4 générations de cuisiniers. Heureusement, je n’ai rien dit, j’ai dissimulé mes sales pensées et j’ai applaudi un peu sonnée.
Je le félicite et je lui souhaite bonne chance. Et j’ai honte de moi.