Des cils très longs. Les yeux verts attentifs ou perdus. Je te dis la peau brune d’un visage émacié, le sourire aquilin ou le nez, je ne sais plus très bien. La nuit une ombre portée, une auréole, respiration de la nuit, parfois rauque, parfois calme, souvent agitée. Des mots qui tombent/vertige du silence. Je passe la main sur cette barbe naissante, un peu rude, baiser piquant. Sentier des lèvres entrouvertes , fines, sourires, rictus, tendresses et hurlements.
Un regard enfantin, chaud comme la braise, bleu à se perdre, gris à se fuir. Je dis ses paupières closes, léger voile. Il y a du rire sur cette face blottie, offerte, tendue. Solaire est le mot exact. Ombres et lumière des matins d’été au goût de vagues et sel, de cailloux roulés. Première vision/une tendresse au repos profond. Je dis l’effleurement de l’inquiétude, une rougeur à peine perceptible. Une ride lion, profonde au milieu du front. Je dis le temps qui marque, qui caresse et se tait parfois.
Je dis les cernes bleutés des nuits courtes , le noir des yeux, la tristesse du regard quand la chaleur éclate. Les joues se creusent, derrière cette grande bouche qui avale la terre. Un menton qui tremble, les jours de trop plein, les jours de sanglots et les lèvres qui se mordent presque jusqu’au sang. Je dis les cheveux gris sur un crâne qui s’entête à glisser les souvenirs dans des pochettes surprises pour les déguster plus tard ou trop tard. Un jour peut-être/boite de Pandore fermée à double tour.
Je dis les masques de peau. Assoiffés de vertiges, affamés de désirs. Clignotent les yeux/frémissent les narines/bavent les bouches/ se creusent les rides. Personne et tous à la fois. Danseur-visage, tournoyant, virevoltant jusqu’à la chute de marbre. Les hommes se taisent parfois.