Peu de monde au parc ce matin. Un grand soleil. S’installer sur le banc et fermer les yeux. La tondeuse. Son moteur sirène à rendre fou. Dans le parc aujourd’hui il n’y en a qu’une. Mais c’est toujours ce bruit qui s’impose en premier. Un son lancinant, bizarrement grave et aigu ponctué de claques régulières. Un son dont on espère qu’il va toujours s’arrêter bientôt. Heureusement les yeux fermés, le cerveau distingue d’autres sons. Des voix. Des voix d’adolescents d’abord. Des voix excitées. Eclats de voix. Rires soudains, vifs, presque brutaux et cris dissipés. Leurs pas traînants, leurs pattes sans conviction qui transportent leurs corps lents sous les instructions du professeur d’éducation physique. Tout près soudain des pas rapides et pressés de ceux qui ne font que traverser le parc pour gagner du temps, sans aucun projet de balade, un souffle saccadé contenu au niveau de la poitrine, des petits pas secs et tonitruants, tout doit être rapide, contenu, ne pas perdre une minute. Trottines de joggeurs. Tapotements de basketts réguliers sur le sol bitumé de gravier et de sable, avec peu de goudron. Et la tondeuse. Toujours. Cahot du moteur. Claque. Percussions rapides. Un nourrisson dans un landeau. Un cri saccadé, plein, à pleine voix. A l’entendre on imagine tout son corps se tendre pour qu’on le prenne au plus vite dans les bras. Souffle de vieille joggeuse. Pas frottés. Souffle exagéré. La tondeuse finalement s’arrête. Le prof de sport s’énerve. Recule ! Pépiements d’oiseaux. Léger ruisseau aigu teintant là-haut dans les feuillages, détaché du vacarme humain. Feuilles sèches qui tombent sur le sol. Un jardinier tout en vert forêt transporte une poubelle en plastique vert bouteille. Il sort son sécateur. Grandes lames de ciseaux a herbe.
Mathilde, ton texte me donne ce matin l’envie d’aller au parc et de m’installer sur un banc, merci.