Photo: Jérôme Cé, été 2019,
Dans la galerie d’un hyper, par la fenêtre d’un fast-food. Flaques d’eau noire dans les plis du goudron gris. Des projections quand les voitures passent. Détritus éparpillés. Une bouche d’incendie rouge avec trois sorties. Encore des détritus mais en tas. Quatre chariots pour les courses et le bout d’un autre, leur caisse en plastique bleu, presque violet, et leurs roues montées sur structure alu. Dans le dernier des plastiques pour emballer des bouteilles d’eau. Au sol un lingot de béton d’une vingtaine de centimètres de haut et d’un mètre de long. Une glissière de sécurité blanche écaillée. Un grillage vert avec encore des détritus accrochés aux mailles du bas. Le toit des véhicules sur les six voies de l’autoroute en contrebas. Les baskets blanches à scratch et les ourlets d’un employé entrent dans le champ. Bientôt ses doigts gigotent autour d’un biscuit ; ils tiendront ensuite une cigarette. Le mur de soutènement de la rampe de sortie du péage surmonté d’une haie rabougrie et d’un palmier rachitique. La file des véhicules qui ralentissent. Un autre mur de soutènement, plaques de béton lisse ou graviers, avec au sommet un mur antibruit transparent devant une haie de lauriers. Ciel bleu du matin. La musique, l’air climatisé, le bruit des chaises et des alarmes de cuisine, le rire d’une cliente. Le parking, les effluves des poubelles, la chaleur de l’été, le bruit de l’autoroute. Les habitants des camionnettes qui s’éveillent.