Je suis née de parents imaginaires… de ceux qu’on se fabrique quand on commence à détester ses géniteurs, ainsi on invente, on construit une histoire du haut de ses 6 ans, de ses 10 ans, de ses 13 ans. Sans bruit, on s’imagine autre, née d’un hasard qu’on ne connaîtra jamais mais qui sur le moment nous comble, c’est tellement mieux de se croire adoptée. La voie lactée devient notre mère nourricière, la lune notre grande sœur, et l’individu qui fume ne peut décidément pas être notre père. On continue ces va-et-vient entre l’insatisfaction présente et les mythes et légendes qui peuplent notre esprit.
Les jours, les années volent, inlassablement on grandit, on grossit et un jour on ose se battre contre ceux que d’autres appellent nos parents jusqu’à les quitter, les oublier… jusqu’à ce que la mort nous rappelle à l’ordre. Alors, on accepte d’être née de cette morte-là, on écoute les histoires d’enfance, on ressent les blessures aujourd’hui cicatrisées, on a grandi, on a compris. A notre tour, on peut être cette femme qui enfante.
C’est fort et c’est écrit avec une telle douceur. Merci Michèle
La fiction pour survivre au réel…je me dis que c’est pour ça que les humains ont commencé à se raconter des histoires, à peindre sur les parois des grottes… Pour faire face au Réel et à sa brutalité ou parce que le réel ne suffit pas.
Un bout de phrase qui me saisit : » on accepte d’être née de cette morte-là »…Terrible !
Merci Michèle pour ce texte qui souligne la nécessité de l’écriture…
Merci Elise et Emilie d’être passées.
Ce texte est venu comme un coup de poing, fort et violent.
Les éléments sont à la fois inventés et réels.
Je reprends tes termes Emilie, « La fiction pour survivre au réel… »
La fiction est indispensable au réel comme l’oubli à la mémoire.
Un texte puissant, la peur d’une chute dans le premier paragraphe et le soulagement « on ose se battre », le courage, « on a grandi, on a compris ». Merci Michèle.
Refuser, accepter, les contraires qui s’attirent et ses complètent, belles émotions ! Et joli les parents imaginaires
« on ressent les blessures aujourd’hui cicatrisées » …Subtile évocation de ce qu’il continue de se passer quand la plaie est refermée, de ce jamais fini qui n’est plus en souffrance. Merci.