Sous la frange maladroite oscillent les rayons des néons. C’est un couloir lent et long sur lequel baillent des portes ouvertes, alignées sagement, comme les perles du collier de l’aïeule. Le sol chuinte sous ses semelles de plastique caoutchouc mou made in China, alors que son pas s’accélère et dévide à grandes enjambées pressées les numéros des salles allumées mais vides, avec leur gueule des matins froids, et la buée traîne et s’égrène le long des fenêtres larges sur leurs rails coulissants, immobiles du gel de la nuit, endormies encore sur les échos absents de la veille. Plus rien ne résonne, que le frôlement obscur du manteau sur ses jambes mal dégourdies, mal assurées, hagardes encore de l’effort qu’il a fallu fournir pour arriver à bon port. Le gel s’ordonne en sillons sages et ordonnés le long des ouvertures encore béantes d’obscurité, écrans noirs narquois laqués de la lumière crue des salles, où rien ne bouge encore, pas même les plis gourds des rideaux beiges. L’odeur du café amer noir plane, rampe, s’agrippe à ses narines rougies. Le silence infuse sans rival, pèse avec aplomb, et même arrogance. Coup de glotte, c’est le froid, le rhume, l’hiver au fond de sa gorge, au fond du couloir.
Je le vois ce couloir, où mène-t-il ?
Danièle, je l’ignore complètement ! Le suspense est total :-))
agréablement glaçant …