Trop chaud. La fermeture éclair du duvet est coincée, pas moyen de résoudre le problème sans réveiller le 39 autres du dortoir. Sortir les bras aide un peu, mais sortir aussi les pieds moites de transpiration, ce serait tellement mieux !
Réveil en sursaut. On ne bouge plus dans le bon sens. L’angle entre le bateau et les vagues a changé. Il s’est endormi à la barre.
Odeur de moisi, d’humide, de bottes pas fraiches. Le nez refuse de fermer l’œil.
Cette nuit, le hamac c’est pour moi. Au frais sous la bôme et sous les étoiles. Cassiopée, la Grande Ourse, Orion. Fermer les yeux. Imaginer leur course. Les rouvrir et les trouver ailleurs.
« On vire ! » et moi je roule. Finie la toile anti-roulis, je suis contre la coque. À quelques millimètres d’alu de la mer, qui gratte pour entrer.
La pluie est arrivée comme un gamin qui trottine. Du vent qui chiffonne les arbres, une odeur de terre a repoussé celle du hangar à huîtres. Ça tapote sur le pont du bateau, ça berce.
Il fait froid. Le moindre mouvement, même un simple soupir déchire la mince couche d’air chaud qui fait rempart et protège du dehors. La capuche du sac de couchage est bien serrée, seuls dehors le nez pour inspirer et la bouche pour expirer un nuage de vapeur.
Elle a un truc qui gêne dans le dos, une bosse dans le sol. Sûrement une branche ou un caillou. Ça l’empêche de s’endormir ça l’obsède : comment a-t-elle pu être assez bête pour ne pas y faire plus attention au moment de poser la tente !
Des pas dehors. Quatre pattes, pas deux, qui s’approchent doucement. Rassurée. Elle savoure la présence de l’autre côté de la fine toile.
La toile synthétique du duvet vert racle sur le plastique orange du matelas gonflable. Le bruit est amplifié par les tuyaux d’air. Vacarme assourdissant sous la toile de nylon bleue au moindre mouvement pour se tourner.
Nuits par grand vent, ciels étoilés ou en nature…
on te suit et on aimerait t’enlever cette bosse inconfortable dans le dos, mais ce genre de choses doit t’arriver beaucoup moins souvent, n’est ce pas ?
L’âge aidant, je fais plus attention à ce genre de détails désormais… mais merci de ta sollicitude dans un de ces moments où on ne peut malgré tout s’en prendre qu’à soi-même…
Comme j’aime « La pluie est arrivée comme un gamin qui trottine. »!
Merci Rebecca !