Elle levait les yeux pour la voir elle le faisait souvent pour attraper la lumière du dehors et les nuages qui semblaient faire partie du verre elle pensait à la suite très loin dans le futur elle pensait à d’autres lieux qu’elle habiterait d’autres fenêtres comme celle de la cuisine de la rue Pouget grande avec volets verts donnant sur des jardins de faubourg celui d’en face reconnaissable au bananier qui revenait chaque année toujours aussi dépenaillé à cause des vents forts ou celle encore qu’elle avait contemplée trente ans plus tard allongée dans un lit blanc de chambre aseptisée genre de fenêtre-mur à volet roulant bruyant à manipuler en fait c’était il n’y a pas longtemps nuit sans dormir avec douleur intense canicule sur la ville et traces de sable sur la paroi rappelant des coulures de larmes sur un visage tout ça intimement imbriqué avec irisations de lumière électrique et sirènes d’ambulance rêves pensées reflets fusionnés le matin très tôt avec le soleil émergeant au-dessus des petites montagnes tout change si vite dans la minuscule ouverture de la vieille maison bordée de toiles d’araignée cadre en bois et verre datant de quelques décennies sans doute car épais et légèrement trouble ce qui la reconduit à ce haut vitrage vers lequel elle levait souvent les yeux composé d’éléments 30 x 30 ce doit être à peu près ça mais ça n’a pas d’importance cahier d’enfance posé sous le coude et encrier avec le printemps chassant l’hiver et toutes les odeurs de poêle à mesure que le soleil gagnait du terrain et grimpait contre l’épaulement de la fenêtre parfois pluies intenses à cause de la proximité de la mer et violentes bourrasques qui faisaient vibrer aussi les carreaux de la cuisine avec rideau en dentelle blanche largement repoussé afin d’observer les mouvements à l’entour elle fenêtres maisons habitées par les corps les vents les arbres et les villes elle pensait rêvait de la haute fenêtre de la salle de classe regardait les lumières regarde les reflets des différents mondes traversés absorbés par les épaules les cheveux elle ne sait rien du temps qui prend la peau surprenant parfois dans le cadre quelque reflet de sa propre silhouette.
Ça marche très bien ! Merci pour votre texte qui me plaît.
oh chouette, merci pour l’écho… on écrit, ça file tout seul, on ne sait pas ce que ça dit…
alors merci pour avoir réagi
à bientôt de vous lire aussi…
en effet très bien – et « le temps qui prend la peau »… magnifique
Merci Piero pour la présence… je vous ai déjà vu ci et là…
à se lire encore et à découvrir les replis de ce temps qui mange et use…