Comment Pelle s’est retrouvé élu à l’Académie suédoise -à vie, comme il se doit- la question se pose ici. Mais on ne peut faire moins qu’imaginer quatre hypothèse, quatre possibilités de cooptation puisqu’il est écrit un peu partout qu’on n’entre à l’Académie suédoise que par cooptation, ce qui veut tout et rien dire, comme on va le voir… Quand cela s’est passé, au cours de l’année 2020, Pelle était au creux de la vague, rien à voir avec la pandémie de cette époque, il était à un âge où le doute en a envahi plus d’un autre, avec cette terrible impression qu’on aurait eu des choses à écrire , qu’on a même écrit finalement pas mal de choses mais que tout cela ne sera jamais vraiment lu par personne, sauf de rares amis complaisants et justement dans le cas de Pelle, un ancien camarade d’étude qui était déjà élu à la prestigieuse institution et avait donc réussi, lui -selon l’expression consacrée. Pris de compassion pour son ancien condisciple, il eut l’idée de monter en épingle quelques écrits de ce dernier qui avaient tout de même été publiés -certes quasi clandestinement- de faire mousser tout cela et de proposer sa nomination au secrétaire perpétuel de l’académie, à la vigilance affaiblie par les inquiétudes pandémiques. Le reste fut affaire de visioconférences aux connexions plus ou moins bien assurées…
Toutefois, il faut reconnaître qu’à cette époque, Pelle s’était tout de même acquis une certaine notoriété -certes dans des cercles assez restreints, grâce à une forme particulière de conférence gesticulée dont des extraits vidéo avaient commencé à tourner sur certaines plateformes numériques, en profitant de l’oisiveté pandémique de certains et -numériquement certes un peu moins- de certaines… Sa qualité particulière de langage a pu faire penser qu’il était auteur littéraire et de là, quelques internautes par ailleurs académiciens ont pu avancer son nom.
Or, il se pourrait bien que la réalité soit moins reluisante pour la gloire littéraire de Pelle. Son patronyme, très rare en Suède, a pu faire croire à une origine étrangère à une époque où les institutions publiques telles que l’académie devaient faire état de leur bonne volonté d’intégration sous peine de se voir imposer de contraignants quotas. Pelle aurait ainsi été coopté à peu de temps d’intervalle d’une écrivaine d’origine iranienne et d’un écrivain aux initiales trompeuses -car les mêmes qu’un auteur suédois à succès, Henning Mankell- mais dont la lignée paternelle est ancrée en Guinée Conakry.
Mais il convient d’évoquer une dernière hypothèse se rattachant à un événement dont Pelle a pu être très fier : sa participation durant l’été 2019, en France, à une exposition sur les arts modestes. Si l’on s’en souvient, l’été 2019, venant juste avant l’épisode pandémique, a laissé des souvenirs impérissables, embellis par les restrictions qui ont suivi -certes beaucoup plus élégamment amenées en Suède que dans les pays moins civilisés du reste de l’Europe. Tel membre de l’académie a pu profiter de cet ultime été de liberté pour voyager en France, y voir l’exposition, garder en mémoire le nom de ce compatriote contributeur et la fermentation pandémique a fait le reste pour aboutir à une envie de cooptation.