refusant, quant à lui, de n’être qu’une ébauche, qu’un succédané d’humain, incolore, insipide & inodore (dit-il), secouant ses mains, à toute blinde, au-dessus de la table, laissant tomber, provisoirement, l’épluchage des carottes, ne supportant pas, n’ayant (de tout temps, i.e. depuis sa naissance, depuis qu’un jour, pan !, sans crier gare, il est devenu ce qu’il est : une conscience (dit-il), un petit animal parfaitement au clair, sachant sa place) jamais supporté l’eau des légumes (dit-il), cette humidité froide teintant les doigts & les fripant à chaque fois qu’il se met à l’ouvrage, épluche consciencieusement une botte de carottes, comme s’il craignait que l’eau, l’humidité des légumes, ne rende soudainement solubles ses doigts insolubles, faut être dingue, non ? (dit-il), (ou quelque chose du genre)
… tant qu’insolubles ses doigts, les carottes n’ont qu’à bien se tenir ! plaisir à ne rien éplucher de cette conscience, de ce petit animal sachant exactement sa place, juste le lire, le relire et l’imaginer assis à sa table d’éplucheur de carottes !…
merci de vos mots, Christiane : bien vu, bien lu : j’aime écrire « des consciences » mais des consciences qui ne sont pas épluchées, en effet ! hihi ! je veux dire : des consciences qui, petit à petit, à mesure que le texte avance, se dévoilent (un peu) et j’essaie d’écrire des choses comme ça le plus simplement possible, à travers un geste, un mot, une attitude, un objet, une scène très très quotidienne, très très « basique »… (bon : sur 100 mots, c’est un peu compliqué de faire sentir tout cela mais le « parti-pris d’écriture » est là !)
beau week-end à vous !