codicille : pas facile de résumer en quelques lignes, sans titre, sans nom de personnages. on se retrouve avec la femme de l’homme et l’amant de l’amante. d’ailleurs quelle est la différence entre résumé et compression . le premier concernerait les lignes (les grandes lignes) et le second la matière contenue entre les lignes ? on aurait donc d’un côté résumé ou shéma et de l’autre compression ou réduction. mais puisque c’est compression qui a été proposé, je vois une réduction de la taille et augmentation de la densité donc il semblerait que les évènements eux-mêmes soient moins concernés que leurs interactions (je ne suis pas très sûre de ça).
Les comprimés : Les péripéties, bien que présentées comme « réelles » se déroulant suivant la logique du rêve, on ne garde qu’une succession d’images – Pas une histoire, une mini-expo. de Brueghel. l’Ancien – Un shéma en cercle avec pour centre l’or, nom ancien pour le fric – Trois lignes maîtresses trois trajectoires : celle, montante, d’un jeune ambitieux, celle, descendante, d’un vieil homme trahi, celles, fluctuantes et désordonnées de deux femmes du monde. Enfin, le triomphe de la logique.
Deux gentlemen mélancoliques et fantasques arpentent de nuit les rues de Paris, éprouvant un délice âcre à exercer leur faculté d’analyse. Ils tombent sur un article de journal relatant un double crime des plus singuliers. Par observation et déductions, l’un des deux gentlemen conjecture que l’assassin est un orang-outang. Il fait paraître une annonce susceptible de lui amener le propriétaire de l’animal dont il obtient le récit complet des faits. Son habileté à débrouiller l’affaire lui vaut la mauvaise humeur du préfet de police dont la manie, dit-il citant Rousseau est « de nier ce qui est et d’expliquer ce qui n’est pas ».
à Paris, une pension sordide où loge un jeune homme ambitieux à côté d’un misérable vieux que le jeune homme a aperçu tordant une soupière en vermeil pour en faire un lingot. Protégé par sa cousine, une vicomtesse, et aiguillé par sa rage de réussir, le jeune homme monte à grands pas dans l’ascenseur social et tombe amoureux successivement, désir et ambition, d’une comtesse et d’une baronne qui sont toutes deux filles du misérable vieux. Ces femmes égoïstes dépouillent leur père et le laissent dans la misère. Malgré les soins du jeune homme et de son copain médecin, il mourra sans les avoir revues. Après l’enterrement, le jeune homme va déjeuner chez la Baronne.
C’est une histoire emboîtée dans une histoire. Le tronc commun est l’argent, le dieu Argent, maître absolu des âmes et qui donne le pouvoir absolu à ceux qui l’adorent. Le grand prêtre du dieu est un vieil avare qui devient fou. La prostituée sacrée du dieu est une jeune comtesse qui devient folle. La victime offerte au dieu est un mari aveugle et bafoué. Deux gentils amoureux en passe d’être sacrifiés au dieu par la mère de la jeune fille, une femme irréprochable, sont sauvés par un homme juste, qui est le narrateur. Ainsi les méchants sont punis et les gentils sont récompensés par…. une immense fortune (vraiment beaucoup d’argent).
Histoire en trois tableaux : 1 – une noce de village, longue table, beuveries, ripailles, obscénités. 2 – la chambre nuptiale, érotisme-fermier. 3 – deux coups de feu dans la campagne, le marié abandonne la mariée à genoux sur le dallage et se rue dehors. On le retrouvera au matin, ligoté et furieux, au fond des bois. Une bonne blague pour une nuit de noces. En filigramme, l’ombre du divin Marquis.
Une île escarpée battue par les flots. Un gentilhomme éperdu. Un monastère de Carmélites Déchaussées. La nonne fut une duchesse. Et coquette. Le gentilhomme l’a punie. Il le regrette. Trop tard. Elle meurt.
Un banquet présenté comme une devinette. Un amphitryon démoniaquement énigmatique. Une querelle. Une prophétie. Cinquante deux messieurs attablés. Cinq serviteurs noirs. Un banquet trop ordinaire. Un toast de l’amphitryon, révélation : les messieurs ont mangé de la chair humaine. Lynchage de l’amphitryon balancé par la fenêtre. Arrestation et châtiment des serviteurs. Ouf. la morale des messieurs-cannibales est sauve.
Dans un pays marqué par une tragédie sans égale dans l’histoire de l’humanité, une femme et un homme se rencontrent, ils s’aiment. Lui est marié (et heureux de l’être), elle est de passage (et heureuse de l’être). Cependant, il s’agit d’un vrai amour. Ils le vivent tous deux dans la conscience aigüe et clairement exprimée de sa fin prochaine inéluctable, sans mesurer pour autant ce qui s’ensuivra pour eux.
Une passion tenue secrète : l’épouse de l’amant est amie intime de l’amante. Celle-ci se suicide par le poison. Après sa mort, l’homme reçoit trois lettres : une, de la fille de sa maîtresse, qui sait tout, ayant lu le journal intime que sa mère lui avait demandé de brûler. Une, de son épouse qui savait tout depuis le début mais n’a rien laissé voir. Une, de son amante qui lui avoue avoir aimé un seul homme : le père de sa fille. C’est le remariage de celui-ci qui l’a poussée au suicide. La dissimulation érigée en art de vivre, poussant les sentiments à leur paroxysme.
Un hôtel fermé pour tout l’hiver à cause de la neige. Un homme y prend le poste de gardien. C’est un écrivain qui n’arrive pas à écrire. L’hôtel est hanté par les fantômes d’un crime qui s’y est commis. L’homme devient fou et tente de tuer sa femme et son petit garçon. L’enfant est-il médium, autiste, possédé, simulateur ? La femme est-elle idiote, introvertie ou tout simplement amoureuse ? La folie meurtrière de l’homme est-elle solitude, impuissance créatrice, drogue, paranoïa, schizophrénie, possession par des créatures d’un autre monde ? La réponse est peut-être dans la dernière image, une photo datée de 1921 sur laquelle l’homme figure.
(pour la dernière compression, il y a quand même une espèce de réponse à la dernière image du film – on peut lavoir là : https://academie23.blogspot.com/search?q=791)
je suis allée au lien. moi aussi j’aime beaucoup le cuisinier noir, ça n’est d’ailleurs pas indifférent que la seule personne généreuse et saine d’esprit dans ce film ait la peau noire. mais il faudrait que je revoie le film pour cette dernière image dont vous parlez. « ils n’appartiennent pas à la même division », c’est sibyllin.
Lucien m’a fait l’honneur et le plaisir de la poser en fin de commentaire – datée de 1921…
ah oui bien-sûr je me souviens maintenant, mais je n’y avais pas prêté attention. mais alors, cela voudrait dire qu’il est lui-même un revenant ?
J’aime cette histoire d’amour « interdite » mais vraiment amour. Merci.