#compiles #04/40 | phrase du réveil

« Mais je n’y arriverai pas ». J’arpente les couloirs, les salles toute la journée, l’intense fatigue à ne plus pouvoir, placer un mot, la langue traverse, éparpillée sur les heures, n’en peut plus de dire, porter la voix, et ce matin, ce jeune devant la caisse du supermarché, vraiment mal à l’aise, sueur au visage, cherchant à cacher l’objet du délit entre ses jambes, « vous n’avez que ça… passez devant moi ! » Son soulagement, et puis la honte de déposer la bière qu’il tentait de cacher, quand jaillit ce mot en sourdine et qui le fit sourire. « Allez c’est pas bézef. » FBr.

Bleu vous le voulez bleu blue you are french so you want it blue bleu je ne sais pas jamais entendu ça comme si j’avais complètement, irrémédiablement oublié le texte appris par cœur, le rôle si souvent joué perdu dans un brouillard de mots immensité rabougrie plafond trop haut champ de vision trop étroit bleu vous semblez savoir moi ma journée commence.BD.

Un râle. Pas même un mot, juste un bruit. Moi, assis sur le lit, en manque d’air, l’air apeuré. Ce que je dis est pourtant clair, je ne comprends pas. Pourquoi ? Y a-t-il quelqu’un dans ma chambre qui peut m’expliquer ? Pourquoi vous avez éteint la musique ? JLC.

La nuit, sa texture de latex liquide. PV.

Quand on ne dort pas la nuit, on peut trouver à noter une chose ou deux de sa réflexion sur le réveil. Soit :
Quintes de toux — Plusieurs, ces derniers temps, m’ont réveillé au petit matin. Étrange. Et difficile de me rendormir (tard). Bashung chante : /J’ai crevé l’oreiller, j’ai dû rêver trop fort/. Moi aussi, et je dois parler trop fort dans mes rêves pour que la salive coule dans mes bronches. Ou c’est ce que je dis, qui m’irrite les oreilles jusque-là, dans le larynx ? Mais, qui me parle aussi ? Qui rêve avec moi ?
Et la journée commence trop tôt avec de quoi lire, et finir ma nuit.
WL.

« J’ai ramené une photo du rêve. » Le père psychanalyste, subjugué par une telle révélation, veut absolument voir la photo, il veut une preuve, sa vie semble en dépendre. Mais l’appareil n’a plus de batterie. Je fouille dans le sac, le père s’impatiente. Une quinte de toux au loin me préoccupe, elle se fait de plus en plus insistante, je n’entends plus rien d’autre. Ça vient du couloir. Je me dirige vers la chambre, je connais le trajet sans savoir où je vais. La batterie est en charge, par terre, à côté du lit d’Isabelle en train de tousser. « J’ai ramené une photo du rêve » me dis-je à voix haute avant de noter. AnM.

NooooooooooooooooN
NNNNNonnnnnnnnnnn
nnOOOOOOOOOOOnn
noooooooOOOOONNN
NNNNNNNoNNNNNNN
CT.

Il est là, avec une tête de poupée lustrée et un corps d’allonge, qui  s’étire, qui s’étire… il est posé, ou son corps se repose en partie sur  une voiture, sur le côté d’une voiture, sur les portes, comme pour dire  quelque chose avant que je monte dedans. Dominantes de rouges et jaunes 
(ses joues gonflées !!!).
«…traduction… de… à… tu… journals, pages !… tourne… pages…»
Il me montre… les pages… de plusieurs livres… comme si elles en faisaient  un autre… cette tête de réclame des années…
A(H)M

Appuis logistiques…permet de mesurer…pour faire venir du bout du monde. SMR.

… et le mot PÉRISSABLE te met les larmes aux yeux… CdeC.

Tu as fermé ? CM.

« Stress et oubli font de bons amis ». | elle a tourné au milieu de la nuit, la petite phrase mystérieuse, entre premier sommeil et d’autres rêves… bons amis, faux amis, je ne savais plus bien, je trouvais ça bizarre, et ce matin, regardant ces mots, stress et oubli, me suis rendu compte que c’était eux, mes sentiments permanents, ou ma lutte contre, qui emplissent mon quotidien | Alors j’ai écrit la suite de la phrase : comme de vrais amis, ils aident à étancher la soif de vivre : avec eux tu sautes de souci en joie, tu passes le temps sans t’en apercevoir, tu affrontes dragons et épopées sans fléchir. Bon d’accord ça épuise un peu, mais qu’est-ce qu’une existence si ce n’est ce recommencement perpétuel d’un vidage de batteries ? GAS.

Dans la pénombre, les derniers lambeaux d’images s’effilochent. L’assemblée est sur le point de partir à la fin de la cérémonie, dans la confusion des mouvements, l’agitation de la foule en désordre. Dans l’urgence, la précipitation se mue en pressentiment et provoque le sursaut du réveil. D’un geste machinal, dans le froid de la chambre, vérifier l’heure sur le smartphone au pied du lit. Sa lumière bleutée. Deux minutes avant l’heure du réveil. Se lever sans faire de bruit pour ne pas la réveiller. La sonnerie de son réveil au moment de sortir de la pièce. Rendors-toi ! PM.

Ouverture ressort. Contrôle box wifi : 7:17. Chaud. «C’est un genévrier !» Comme si le passant rentrait dans ma photo. «Genévrier Genévrier», j’ai éteint vers minuit avec ce mot, lu dans ÷La forme du monde÷ (Belinda Canone). Un extrait de Regain de Giono. Un cours de gym pilates ? Départ du RER à 8:38 jusqu’à Conflans fin d’Oise. Café à préparer, sortir le pique-nique du frigo, les chaussures de marche. NE.

Ai-je dit « je ne veux pas » ? ou l’ai-je juste pensé, je ne sais jamais vraiment si je dis ou non quand suis seule, en public je contrôle à peu près, pas tout à fait mais tout de même, ou dans la rue quoique là il m’arrive de ne pas bloquer ce qui se forme, pour aller avec mon apparence, par malice, non j’ai sans doute grogné en tendant le bras pour allumer, ça revient au même que « je ne veux pas », alors comme je suis dans le jour maintenant je dis « va petit soldat ». BC.

la lumière indique qu’il est tard, et des paroles de chanson immédiates « je préfère le son des rabouins et les solos qui n’ont pas de fin » PCH

le matin la lumière n’entre pas encore dans le pièce. il faut allumer la lampe près de la table. un livre, un café. le jour qui vient. la nécessité des mots. MaE.

Il fait noir; le jour n’est pas levé. TdeP.

Les derniers rêves de la nuit, lorsque déjà éveillé, tu te rendors quelques minutes et que le rêve continue, rebondit, se renouvèle. C’est selon… Chaque matin différent. Tenter de garder trace dans la conscience et savoir qu’on ne retient que des bribes. C’est comme des langues de brouillard qu’on voudrait attraper. Là, des résultats d’élections. Le moins pire gagne et l’on ne se réjouit pas d’une victoire qui n’est que la moindre des catastrophes. C’est une soirée électorale où dominent la couleur jaune et les regards contrits. SeB.

On devra faire une course à pied dans la boue ou l’on court dans la boue ou l’on a couru dans la boue, je ne sais pas. L.S

le fleuve n’était plus qu’une présence, mais un pont, très haut, peut-être celui de Pirmil à Nantes, et sous le tablier du pont l’eau qui coule, débit fort, l’eau perpendiculaire au tracé du fleuve mb

Un œil comme un visage. CS.

« Qu’est ce tu fais ? J’entends Isabelle ! »
Un silence, on écoute. Léger bruit en bas.
« Elle recommence. – Va voir mais tu n’ouvre pas aux autres.»
Il descend, je jette un coup d’œil vers l’heure …mm trop tôt. J’entends pas, ouvertures de portes, fermetures et le silence. Je sens une présence sur le lit, c’est Isabelle. 
On se rendort tous les trois. 
CM.

Insomniaque égale quinze réveils qui n’en sont pas vraiment. Vers trois heures, une phrase simple avec les mots chien et désordre. J’étais pourtant sûre de m’en souvenir. JK.

Euphonia – phoney – funny. Euphonia comme Apronenia qui épilait le mollet de son r/homme d’homme. A vérifier. Ramdam – d’où ça vient, ramdam? Dans mon rêve, papa était hâlé – il revenait – il était allé où ? 8:30. Il fait gris. Un œil de chat. Rester au chaud dans mon corps chaud, sans corset. Corsetée quand mal au dos. C’était corsé. C’était quand? 20+2+5: 27. 27 ans. Il est pourtant temps, ma mère… pourquoi Euphonia ? A noter pour François B. Funny girl, honey you’re a funny girl. Phoney you’re a phoney girl. Barbra bla bla bla. LL.

Décidément. Un réveil sans avant perceptible. Décidément. Mot que je n’emploie jamais – sans raison particulière (ni amour ni inimitié pour sa sonorité, le sens, des souvenirs particuliers – tiens, un peut-être se fabrique à l’instant, une bouche et sa façon péremptoire de le prononcer… à laisser pousser.) Mot qui se serait tenu longtemps en embuscade. Ensuite, dans le no man’s land de l’entre-deux flottaison précédant l’éloignement puis l’effacement prévisible – sucer décidément comme le bonbon glacé (la pie qui chante) qui poissait la langue et venait cogner contre les dents. Des si déments – décide et ment – des si d’amants – des si ? dément… JdeT.

Sensation de nuit brumeuse le phare l’océan qui monte jusqu’à la coursive résister mais une poussée dans le dos peur immense la boîte de couleurs trop tôt cassée on a à réfléchir sur le choix d’un cadeau c’est quoi un cadeau « j’ai peur qu’un bon cadeau dans une librairie de Vaise il n’y aille jamais » MACM.

pas de brume ce matin, je ne le sais pas encore, rideaux tirés sur le début du jour, et tout un fouillis en arrière-plan constitué des choses accomplies la veille, des sensations d’un sommeil profond bienfaiteur, du désir de rester au chaud et de boire lentement une tasse de thé avant de revenir au réel, la date et l’heure de l’incinération revenant comme un leitmotiv, non pas envie encore de bouger le corps, de le redresser pour découvrir dans la fenêtre l’immobilité matinale des arbres, et la chatte fait son remue-ménage étrangement perchée sur ce coffre qui branle un peu, juste écouter ce qui peut encore être écouté de la nuit déjà hors de portée. FR.

Le son tout proche… Impression du visage… Reste ! ChE.

Sans bras ni jambes, affolée du sommeil qui se retire, qui creuse autour de moi la « vague rouleau » qui m’entraîne, où ricoche mon corps qui propage des ronds d’onde bégayante qui me dessinent des oreilles, une mâchoire. 
À deux pas du jour, soudain, entre mes cils ouverts, une maison, ventrue comme un immeuble couché, rose, bourrée de fenêtres. Derrière, bouge la bête immense qui me regarde.
Puis, le crépi blanc, puis, plus rien qu’une petite chose dure qui tombe. 
Qui tire mes joues et ma bouche en gueule de poisson ? Semi-ouverte, il en sort encore un souffle régulier.
CaB

2 h 08. De nombreux immigrants hispanophones habitent la rue du Four on ne peut pas s’expliquer pourquoi et comment ils sont arrivés si nombreux si soudainement. PhB.

Réveil soudain par la grâce – Ô combien – d’une petite phrase datant d’avant la naissance de J., lorsque je m’amusais à lui parler, oreille collée au ventre arrondi de sa mère : bébé ? C’est papa. Tu me fais un petit boum pour me dire bonjour ? 
Et le boum venait – un coude, son genou ? Peu importe. Seul le contact comptait, l’échange. 
Phrase soudain lancée de nouveau, mais en bouée de sauvetage, au cœur des ténèbres de l’épilepsie emprisonnant J. loin de la réalité : Tu me fais un petit boum pour me dire bonjour ?
Mes larmes ont coulé lorsque les yeux de J. ont  cessé de rouler pour se fixer droit dans les miens : « Papa ! » 
J. venait de renaître.
ChG.

De cette phrase qui émergeait si nette au petit matin dans le brouillard et le mal de tête après la courte nuit, il ne reste qu’une espèce d’équation reliant 20 et 40 par une logique implacable et évidente, totalement disparue depuis. IsC.

D’abord j’ai pensé nuit après j’ai pensé froid après j’ai pensé quotidien après j’ai pensé que c’était nul après je me suis dit qu’est ce que je vais bien pouvoir raconter après j’ai cherché le lyrisme en moi après je n’ai trouvé que le lit sous moi après je me suis rendormie. GQ.

Ce matin encore, émersion d’une nuit sans rêves. Ou sans traces de rêves. Sans souvenirs. Tout est conscience physique. Souffle léger, respiration du ventre, sensation du corps lourd de gisant s’imprimant sur le matelas, sa chaleur irradiant la couette. Pas de crampes, pas de douleurs. Les orteils bougent. Tout va bien. Seuls les yeux refusent de s’ouvrir. Prendre le temps, la mesure de l’espace, écouter les bruits, faire des projets. Ouvrir les yeux. La journée peut commencer. MEs.

Oui, le chien. Je sais, il fait jour déjà. UP

c’est comme un siège de tracteur métallique rouge — empli de trous — l’assise et le dos un peu incurvés — il n’y a pas la vision du reste du véhicule — mais c’est forcément un tracteur — ou une faucheuse — mais celle de l’enfance — le tracteur aussi c’est celui d’autrefois — et se dit la phrase — d’une manière un peu obsessionnelle — /le soleil n’était pas encore levé/ — SV.

Toute la nuit, le rêve est revenu. Comme chaque nuit. Il est là, à chaque micro-réveil, dans l’infra veille. Je le reconnais. Je le sais. Il est question d’une liste de choses à faire. Plusieurs niveaux de réalité se superposent avec clarté et fixité. Rien ne se déroule. Images palimpseste effacées sitôt réveillé. Le rêve reviendra la nuit prochaine et je l’oublierai à nouveau. De cette nuit-ci, je me souviens d’une chose. Le visage de P. est apparu, grave. PhL.

/Le bruit d’un moteur à explosion/. S’il y a une prochaine génération, elle ne connaîtra pas l’odeur de gazoline. Surtout s’ils en viennent à criminaliser les tondeuses unifamiliales. En hommage anticipé à l’essence, je vais rallier la boulangerie en voiture. Avec un peu de chance, sur ces 500 mètres, les feux seront verts. Comme une autorisation cosmique. JT

Ce serait bien une salle de danse dans la maison. Mais je ne sais pas danser la salsa. HG.

/Je couperai un bidon sur votre bouche et vous me répondrez./ La sentence flotte parmi des pensées flous, mon cerveau en roue libre se fout absolument de la question du sens et des directions, revient sur le rêve. Dans un magasin très chic et cher d’ustensiles de cuisine, un gros bonhomme peu amène me toise, fier de ses choix et de ses produits. Je sors et découvre l’enseigne « les livres de cuisine » en effet, il y a des rayonnages remplis de livres de cuisine, envie d’y retourner pour demander s’il y a une recette de… ? un classique que je ne maîtrise pas. Puis j’achète, ici ou ailleurs ? une bougie à cinq euros avec un sentiment de satisfaction… Ma lombalgie se rappelle à moi, je me lève dans un réel bien réel. CP.

Ce n’était pas le bon réveil. LH. 

Pousser : un mot-monde
Faut pas pousser mémé dans les orties : faut pas exagérer
Pousser à bout : acculer
Elle pousse bien : elle grandit
Poussez ! Poussez ! Au rugby, hier soir la France a battu l’Afrique du Sud d’un point
Une pousse de Forsythia : une bouture, un rejet
Arrêtez de pousser : de nous bousculer
C’est moi qui l’ai poussé dans cette voie : orienté, encouragé
Pousse-toi de là : dégage ! 
Promesse du matin : planter un figuier sous la fenêtre de la chambre. Le regarder pousser.
FG.

Un poulpe sorti d’un soupirail et qui empêchait de marcher. Mon père. Et, juste après, ma mère: j’ai rêvé de B., on marchait le long d’une citerne et elle me montrait un chemin: c’est par là. Le rêve de mes parents à mon réveil. Le fils de B avait un lupus et ma mère m’appelait : autour de la citerne il n’y avait pas de chemin mais B m’en montrait un et je me suis dit peut-être qu’elle veut me montrer le lupus. Ma mère était sur le vélo d’appartement, et j’ai cru, parce qu’elle haletait un peu, qu’elle pleurait: mais maman arrête d’être toute émue ça fait peur maman qu’est ce qu’il y a. Avant de comprendre: tu es sur le vélo. Oui. Et tu sais à trente ans j’ai eu cette chose quand tu es née, d’hypertension, de 25 kilos d’eau pris, de toxémie gravidique et qui a fait qu’on a dû arrêter la grossesse. Oui mais maman ça c’était lié à ma naissance, enfin, à ta grossesse, et le lupus on a vérifié je crois pas que y’ait ça. Mon père a repris le téléphone pour un chagrin d’amour: tu sais après N, j’ai dû partir de la ville, tellement j’étais mal, alors je me dis est-ce que le départ de K., ça t’a pas brisée de l’intérieur ? Mes parents. Présents mais pas pressants, riait, et les auto-proclamait, mon père. La veille ils avaient marché le long de la mer: mille méduses au fond de l’eau, on les voyait tout à fait! J’ai raccroché et suis sortie du lit, poulpe partout, mains, bras, épaules, pieds, genoux. MiT.

J’ai le souvenir d’un jour où il est rentré au petit matin ivre mort, hilare en nous réveillant pour nous annoncer que nous étions fauchés, que nous avions perdu toutes nos économies parce qu’il avait tenté de remporter la mise à la roulette. Il déambulait à travers l’appartement en vociférant qu’il fallait prendre des risques dans la vie, que c’était quoi les risques qu’elle prenait derrière son petit guichet, dans sa petite maison de la culture toute étroite de petite campagnarde mal dégrossie. Maman lui a sauté dessus. Il est tombé en arrière et sa tête a violemment heurté le plancher. Elle lui a saisi les avants-bras pour le maintenir au sol. Il était ivre de rires et d’alcool. Elle l’a regardé avec toute la haine qu’elle détenait depuis l’enfance et sans me ménager, sans même penser un seul instant que je n’aurais jamais dû assister à ce genre de débordement, elle lui a craché au visage plusieurs fois d’affilée, et lui riait à s’en tordre de douleur. Quand elle eut fini, enfin quand la salive lui manqua à la bouche, elle s’est relevée d’un bond, elle s’est tournée vers moi sans un regard pour lui, elle m’a pris par le bras et nous sommes sortis sur le Vieux Port. Dans la rue nous étions encore en pyjama, transis de froid et de tristesse. CamB.

Pas rentrée ? Inquiétude…DM.

Laisse la force laisse le garçon on choisira / la fenêtre est à sa place / jette les  jambes comme déballer  / terrasse la nuit ton ennemi / va vers écrire. AD.

Se préoccuper des matins gelés et endoloris, traverser le temps qu’il fait et le temps qu’il reste à vivre dans une gelée que tu déprécies, faire comme si tu n’avais rien remarqué à part ce brouillard qui te masque la vue et qui t’endort le cerveau comme si c’était une enclume. EV.

Quel jour, dimanche. Pégase et nébuleuses. Étoiles et constellation. Nébuleuse et constellation au pluriel ou au singulier ? Une phrase de réveil. Ah oui. SyB.

Cheval harassé debout couché debout couché mâchée remâchée passée repassée toute la nuit était une journée. TD.

Mais y a de l’eau en dessous de l’attestation? FL.

Un vol de coccinelles. Un pendentif, sorte de camée, en forme de marguerite. Ô c’que j’ai bien dormi. Un lointain tir de chasse. RBV.

Je t’aime.CB.

Je me tourne sur le côté gauche, je sais que c’est par là que viennent les rêves féconds du petit matin. Mais rien ! si ce n’est un mot, ou plutôt un nom, incontournable, NASSER en lettres majuscules noires. Je voudrais le chasser, faire de la place, rien… Nuit vide de rêves ? Pâle résurgence de la COP 27 ? Et toujours la voix chaude et rauque de Rachid Taha qui m’accompagne au réveil, chaque matin depuis une semaine… Dans la joie et la douleur… Douce France… MC.

Premières traces de lumière invisible derrière la persienne. D’un coup. Elle s’infiltre dans ton corps et devient battement, énergie qui remonte, être étranger, démon qui te réveille et t’habite dans les vaisseau sanguins, pulsations qui te poussent vers le haut, résistance, tu résistes dans ta force centripète, dans ton désir tout s’emballe, implosion dans le lit, tes pensées ne tiennent plus le coup et t’enveloppent maintenant, draps intérieurs qui te serrent dans leurs plis et tu ne sais plus comment défaire le noeud de la nuit. APP.

Ce n’est pas une phrase qui éclaire mon réveil, mais un cri, un déchirement : NOOOOOOON ! Mon lit comme une île ; autour, des crocodiles. ASD.

Masse de la couverture, sècheresse de la langue : il est des sommeils épais, qu’on dirait avinés. Dans le jardin, les sous-vêtements sont suspendus sur le fil à linge. La fille est morte il y a peu, a avalé des comprimés. Pourquoi déjà ? Au sol l’étendue limoneuse, des dépôts, fragments de pensée, au lendemain d’une fête qui n’a jamais eu lieu. L’emprunt bancaire est adossé à un autre contrat, le mécanisme contractuel n’a rien de solide. Les taux pourraient bien s’envoler. La lumière filtre à travers les volets. La culotte jaune est sèche. C’est étrange ce monde où C. n’existe plus. Le réel c’est ce qui cogne et résiste dit-on. C’est le froid qui le dit, c’est la soif aussi. Elle se lève et réchauffe le café. C’est un bon neuf heures. C. est en vie. L’emprunt est solide. Mais alors, qui a-t-on enterré dans le jardin ? MaT 

C’est le visage de ma mère de profil, je le regarde de très près. Elle est en train de dire le mot n’importe quoi. Je regarde sa bouche articule, je m’approche encore plus de son visage et je pense qu’elle ressemble à sa soeur. C’est le refrain d’une chanson de Yo la Tengo que j’entends aussi et qui se répète: You can have it, have it all. IG.

sous paupières lourdes, lettres et signes en tous sens, peut-être une phrase que je n’arrive pas à lire…MuB  

– where do i go – possible pour un mammifère de capter la radio ? – follow my heartbeat – Noël bientôt – le mot dimanche -– Kafka n’avait pas à passer l’aspirateur – pellicules de phrases criées chuchotées les unes sur les autres débit rapide sans oublier la foutue chanson tout autour – quel genre de cadeau il achète à Noël ? – Kafka avait de l’espace libre – si je ne passe pas l’aspirateur aujourd’hui – why I live and die – dégage – est-ce que Kafka perdait ses cheveux ? – le mot vrac – LD.

Avanti. Un seul mot au réveil secouant un corps engourdi surchauffé. Clignotement de lambeaux d’images du rêve qui s’étire et se noie — rattraper celle de la pluie qui coule encore et rafraîchit le corps transpirant, celle du corps qui court dans les venelles d’une ville ancienne et veut attraper l’échelle rejoignant l’arc-en-ciel, celle d’une chute sur le sol glissant et la voix criant avanti. Ouvrir la fenêtre, dessiller le regard, entendre le bruit de la rue et la corne de brume du bateau qui s’en va    HA.

Et où peut-on écouter vos chansons sur Internet ? Debout dans la cuisine, un homme resté sans réponse me parle et ressemble à Sylvain Tesson. MTu.

La première phrase de la journée est toujours chez moi stupéfiante dans 
sa banalité et sa répétition.
La deuxième est plus intéressante car c’est toujours une question sans 
réponse
qui concerne le jour qui vient, identique à une feuille blanche
où va s’écrire une histoire encore inconnue
dont je ne pourrais pas m’échapper
et qui ne se terminera pas forcément bien.
JCB.

C’est la respiration qui reprend corps / un soupir / une amplitude neuve à la mesure du jour / silence / vide / pliée / le genou au creux du genou / la jambe étirée jusqu’à crampe du mollet / vide / un autre soupir / dans ce souffle / O comme Odessa. AC.

… que tu le veuilles ou non tu appartiens au peuple de Dieu, je ne sais déjà plus si ce sont exactement ces mots que j’ai entendus juste avant l’éveil, ou bien plutôt, que tu y croies ou pas tu es une créature divine, c’est peut-être d’ailleurs ça qui m’a expulsé de ma nuit, l’effroi de finir par y croire, la sensation d’être capté dans l’orbite gravitationnelle d’un autre cosmos, la terreur de plonger dans cet inconnu-là pour y trouver quel nouveau ? PhP.

Lourdeur tête coussin marteau réveil retarder dix minutes.
Envoyer la note Jean-Christophe le train Efferalgan si jamais.
LC

… le silence du matin si précieux… aux marges des incertains, de la quiétude et de l’inquiétude, dans l’immobilité… rien n’a commencé vraiment, tous les possibles sont là… des pensées, des idées, des préoccupations s’agitent… un flux à la destinée obscure passe, s’égare, revient… démêler l’écheveau ou décider que ce n’est pas le moment… s’accorder d’abord présent, passé, futur… accorder ses sens paisiblement… il sera toujours temps… savourer à nouveau le silence… organiser sa flânerie, le paradoxe de l’intranquille… AN.

Ce qu’il me reste, un brouhaha qui gronde et qu’on aurait envie de fuir. Terreur de l’entre-deux mondes. Une bataille se joue dehors et je ne pourrai rester si mal caché très longtemps.  JH.

« Le vent tourne, la neige tombe : le temps est révolutionnaire », c’est l’ami qui me disait la phrase dans le rêve qui me reste ce matin – rêve qui suit le premier réveil, et j’entends encore son soupir, le poids de fatalité, de tristesse, la joie aussi d’arracher aux désespoirs un bon mot ; autour de nous, les voitures nous frôlaient, je lui disais au revoir et lui, levant les yeux au ciel : « le vent tourne, la neige tombe ; le temps est révolutionnaire ». ArM.

Elles se déplacent tranquillement, nuances, dégradés du violet au sombres, du vert au sombre, du vif au pâle, aucun bruit, juste des vagues de lumières qui tournent, se courbent, s’arrondissent et disparaissent pour laisser la place à la suivante et à celle d’après qui va monter, descendre, traverser ton cadre dans un sens ou un autre, revenir en arrière. S’estomper. Disparaître. Elles sont tes aurores boréales personnelles. JD.

‌L’auriculaire dans l’oreille gauche (« mon petit doigt m’a dit que »). L’oracle tombe en poussière. NH.

Réveil. Pas de rêve. Pas de phrase. Seulement une sensation de chaleur. Me revient en mémoire une info. En octobre, 2° au-dessus de la période de référence 1991-2020. Et en 2030, en 2035, et dans un siècle ? Combien ? Les réfugiés climatiques. Qui va les accueillir ? 2050 au Bangladesh : 20 % du territoire perdu. 13 novembre – sept ans déjà. Se lever. Café. Douche. Se laver le cerveau. Lire /Autoportrait/ d’Edouard Levé. Je me passe du journal pendant des mois. Iva.

Premier froid de l’année au réveil. J’ai faim. Celui que j’aime tousse en bas et mon bras tâte le vide. Les draps rien que pour moi. Se lever ou traîner encore. Savourer ma solitude fugace sans mots et sans pensée. IsB .

Dimanche silence dimanche bourdonnement lointain du train dimanche silence dimanche craquement vivant de la vieille armoire dimanche silence dimanche volet roulant de la fenêtre voisine dimanche silence. ES.

#Petit réveil. Le brouillard crée l’étoupe, s’effiloche en petits vécus résonne en mots-clique —sciatique, hystérique, tragique— amortit la réaction de l’acide sur membranes, se dissipe peu à peu dans la nuit. Trop tard, trop triste, Colère. Le jour se lève à l’Est sur l’absence de rêve. Mots de maux ! Je pense sein, je pense sens, je pense sans.  CGH.

Le mal de dos ramène brusquement le corps dans toute sa pesanteur après la légèreté désincarnée du songe. MCG.

Ne pas mentir. Rencontrer l’avant-écrire, trouver les mots qui existent, se posent, prennent forme avant l’écriture, c’est ce que je cherche ici. RA. 

Je me suis couché de bonne heure, croyant que c’était une condition pour que « la phrase » se présente à moi avant l’aube, fraîche et pimpante, parée de ses plus jolis mots. Je me suis réveillé deux fois au cours de la nuit, doublant ainsi les chances de la tenir avant le lever. J’ai rêvé. De ces rêves tristement habituels et indignes de « la phrase ». J’ai cru tenir ma chance au petit matin quand, encore entre deux eaux, il m’a semblé voir une petite lueur près de la table de nuit. « C’est la phrase, à coup sûr elle s’annonce, lumineuse comme une évidence ». Las, il s’agissait de l’écran du smartphone imprudemment laissé en veille avant le coucher. Certain que « la phrase » ne viendrait plus, je me suis levé, dépité, boire mon café et manger mes tartines. « Tant pis, me suis-je dit, tu te consoleras en lisant la prochaine compile ce soir ». AB.

encore là putain de douleur, première phrase pour embarras récurrent, a lancé toutes les autres sous le silence de la couette : et ça va durer toute la journée et tu t’en doutais et tu aurais dû faire attention et ça va jamais s’améliorer et tu sais ce qu’il faudrait faire pour calmer atténuer adoucir soulager et rappelle-toi et tu sais bien et sois vigilant et aie de la volonté et c’est pas comme si c’était la première et fais-toi un café ça changera rien et il aurait fallu. CE.

effrangement de lumière au seuil de la porte quand doucement s’ouvre l’œil rester flottant dans ce suspens du temps pour préparer lentement l’effraction /partir avec les grues/ OS.

Pas envie de me lever   lumière grise à la fenêtre   le froid dehors   me blottir sous la couette   la couette comme un cocon   dans le cocon moi en foetus   pas envie de me lever  mes pieds sur la bouillotte   la bouillotte sur mon ventre    la bouillotte   sa chaleur   elle à la place de mon mec   il n’est plus   il me secouerait   remue-toi petite marmotte   il y aurait l’odeur du pain grillé  du café   pas envie de me lever.  Je  vais me lever.  Il m’accompagne. ChD.

Danse et danseurs. Si vivaces que mon cerveau peine à comprendre qu’ils ne soient pas — plus ? — présents. Je crois que je dansais. Il me semble qu’il y avait un problème et qu’il s’est résolu. Des réminiscences de Noces de Stravinsky. Ou pas. Bailler encore. Silhouettes fugaces en tournant la cuillère. Comme des voix qui s’éloignent. De plus loin comme des mots qui s’échangent. Je crois presque les croiser, les retrouver, pour mieux les perdre. Une empreinte présente malgré le vague. Vite, un café. CeC.

Pas vraiment une phrase, plutôt un mot : ENCORE, rapport à un rêve récurrent, si facile à interpréter, même avec quelques variations de forme, et qui laisse trainer derrière lui un sentiment désagréable, un mauvais goût dans le cerveau ; alors pour se changer les idées et vérifier l’état de la planète on allume l’ordinateur qui nous alerte, sans doute faussement, à propos d’un logiciel espion qui essaierait de vous voler votre identité. JMG.

Où est-il ?  
Mais quel est-il ce ‘il’?
Il ou elle ?
Île ou aile ?
Qu »aile’ est ‘île’ ?
Telle l’île sans eux donne ‘il’, l’aile sans elle existe.
Heureusement que je ne m’entends pas penser lorsque s’ouvrent mes yeux. 
Sinon je ne saurais plus par où commencer ma journée.
S.L.

J’ai loupé la phrase, sauf la liste des choses à faire. Peut-être demain, nouveau rendez-vous. CLG .

Sous un ciel de lune encore cousu à la terre, la fenêtre vacille, des visages surgissent de l’étagère du temps, je ne serai pas à l’inventaire, que vont-ils faire du lit où nous sommes nés, le silence rencontre d’autres silences, plus personne à appeler ce matin dans la maison de notre enfance, ne pas oublier de photographier la rose cueillie hier. MM.

Marre de voir ma tête, maman… 12 février 2012… fais chauffer plus… FbS.

Dans le rêve il y a eu erreur sur la personne. Le corps n’est pas le bon.  A moins qu’il ait ressuscité dans le vieux hangar chez Ange Moteur. RC.

D’abord apprivoiser les taches puis cueillir les incertitudes les formes et les couleurs le corps endolori l’œil clôt les mots flottent cerveau depuis des heures demi songe post réveil je n’arrive pas à les attraper si je ne décide pas de jeter la torpeur les nuits sont des heures de douleur sans bruit visible la langue se forme reste coincée un oubli depuis que j’écris elle veut cracher partout même dans l’absence d’espace même sans cohérence je ne suis pas du matin pourtant c’est là que viennent s’installer les mots au creux du brouillard dans le flou vision allongée noir un geste las que de réceptionner l’idée qui tente percée demi sommeil demi rêve demi jour le corps encore chaud les yeux se referment une lutte entre deux besoins viscères la fatigue emporte je vis demi je dors demi je somnole jour elle emporte ravage sur passage d’un coup plus rien de disponible il pourrait s’effondrer sans appel préalable mon visage est le signe pour l’attentif qui veut qui aime qui prend soin du vague le langage s’échine à convaincre le sourire ment celui qui veut attraper vol et soulage la nuit j’œuvre vie et les mots se forment pour moi seule. JenH.

C’est dimanche. Le chat qui dormait à mes pieds tente de se poser sur mon visage. Dans un demi sommeil et dans le même mouvement que le sien je dévie de la main sa trajectoire et le pose sur le plancher. Je regarde l’heure : 8h30 et me rendort. Un roulement de pattes dans l’escalier m’indique que les chiens en ont assez de nous attendre. Je m’éveille, il est 10h30, et décide qu’il est temps de me lever. Avant, je m’interroge, ai je passé une bonne nuit ? Je me pose chaque matin cette question, le sommeil est pour moi une vie à part entière qui me détermine tout comme l’autre. Oui. J’ai passé une bonne nuit car je m’éveille apaisé, comme de retour d’un bon « quelque part ». Je cherche à me souvenir mais cela reste flou. Ce que j’extirpe de cette partie de moi qui se dilue à la lumière de la conscience c’est que j’étais en voyage, un voyage agréable, je ne sais pas où. En discussion avec quelqu’n.e de mes ami.e.s , je ne me souviens pas de qui mais nous nous sentions légers, disponible et il faisait beau. Je prends une bonne respiration, m’assois dans le lit et la première phrase que je prononce est pour dire que je vais préparer le petit déjeuner. LP.

Rien. Ne subsiste rien de ce tout petit moment entre rêve et éveil. Rien. Déjà les rêves se sont échappés, si vite. Par les yeux, les oreilles, les images partent en douce. Des courants d’air lents et violents les ont embarqués. Où ? Aucune idée. Accès top secret. Le matin arrive, brutal, et rien n’est de ce qui est arrivé, de ce qui m’a agitée n’a survécu. Rien sauvegardé, aucun lambeau d’impression. Le précieux reste au fond. Rien à dire. Alors au suivant. PS.

Dormi la tête dans le feu. Un clin d’œil, la lune au zénith, vaporeuse dans le cadre bien net du velux.
_un autre genre de plaisir que je trouve à ne sortir qu’à la nuit, à suivre au clair de lune ces chemins où je jouait jadis au soleil ; et la chambre où je me serai endormi au lieu de m’habiller pour le dîner, de loin je l’aperçois, quand nous rentrons, traversée par les feux de la lampe, seul phare dans la nuit._
 À quoi bon la lune après Proust ? 
_Rachel avait un de ces visages que l’éloignement … dessine et qui, vus de près, retombent en poussière. Placé à côté d’elle, on ne voyait qu’une nébuleuse, une voie lactée de taches de rousseur, de tout petits boutons, rien d’autre. À une distance convenable, tout cela cessait d’être visible et, des joues effacées, résorbées, se levait, comme un croissant de lune, un nez si fin, si pur, qu’on aurait aimé être l’objet de l’attention de Rachel, la revoir autant qu’on aurait voulu, la posséder auprès de soi, si jamais on ne l’avait vue autrement et de près_
Proust, la lune et l’actrice, toute une ronde de comparaisons merveilleuses. Impossible de retrouver exactement celle de oùù la lune fuit la coulisseRendormie. Par terre, contre un mur beige et rêche, des cartes roulées. Regard vaguement en plongé là-dessus, l’intérieur ocre d’une d’entre elles. Sinon rien. 
_La nuit, je mens_
Beaucoup plus tard, levée, habillée, en compagnie, toujours endormie. Impossible de s’arracher au feu, au bivouac du canapé. 
_Des montagnes de questions_ 
Tout parvient de loin. Loin derrière les murs-masques de Tristant Mat. Sur le sol, d’autres pas recouvrent les mes traces, les effacent, je les vois, estompées, poussière balayée par ces passages renouvelés. Disparaître, le passé est passé.
_la lune blanche comme une nuée, furtive, sans éclat, comme une actrice dont ce n’est pas l’heure de jouer et qui, de la salle, en toilette de ville, regarde un moment ses camarades, s’effaçant, ne voulant pas qu’on fasse attention à elle_
EC

Devenir de la viande. FT.

« Jouons encore aux gendarmes et aux voleurs. » Phrase surgie sans lien apparent avec le rêve où, en plein air, sur un terrain en légère pente, j’étais allongée sur un tapis à un cours de yoga, mes pieds touchant la tête de la personne devant qui me rouspétait puis se décalait.
Revu le film Paris-Texas hier soir. Fuite de Travis dans le désert. Partir, échapper à son frère qui veut le sortir de son amnésie. Puis Travis voleur de son fils, avec son accord, un jeu ?
Et moi qu’est que je traque en écrivant ? Qu’est-ce que je vole ?
CG.

Ce n’est pas un mot, ce n’est pas une phrase, c’est un brouhaha. On ne nous a pas tellement proposé de bonbons. Pesanteur du dormir, si tu passes la nuit à écouter le langage inarticulé du sommeil, est-ce que tu dors, ou est-ce que tu performes ? Le bruissement d’un fils qui se couche, s’entrouvrir aux sons qui voudraient se cacher, et les questions viennent se nicher dans les paupières. Demeure une bribe de rêve. Un lieu où faire des vidéos, des machines, un film à reprendre, et puis : « on ne nous a pas tellement proposé de bonbons ». Ce n’est pas un mot, ce n’est pas une phrase, c’est un brouhaha où surnagent, morceaux de rêve me tombent des yeux, phrases fracassées aux règles de la pierre. Ma torpeur est un vaste garage. JCO.

Ce matin, réveil instantané, comme écrit à l’avance. Lucide instantanément sereine tu es, comment ça s’appelait ? serre, non essai, non Ah Essaouira, j’irai chercher sur internet, je vais prendre mon crayon, écrire de suite, si lucide ce matin et longtemps. tu penses à et à tu redors, sensation si légére. SW.

Lent chemin des ténèbres vers un état de conscience titubant, comme une momie qui tant bien que mal se débarrasse des bandages qui la serrent et l’étouffent. Première pensée : « Il y a toujours une solution malgré la mort. » HB.

de la confusion du réveil, ça qu’on s’arrache au dedans du crâne : « quoi qu’il en soit ». JC.

Celui-là… oui, ce rêve là. Récurrent. Celui de l’ami disparu il y a déjà dix ans et dont la petite voiture rouge continue de s’arrêter devant la maison que j’ai quittée entre temps… Que dit-il déjà en descendant péniblement de sa voiture, en dépliant sa grande carcasse cabossée, handicapée ? Que dit-il dont jamais je ne me souviens ? Que dit-il que le réveil toujours m’empêche d’entendre ? S’adresse-t-il bien à moi ? Ou bien est-ce moi qui préfère laisser la phrase en suspens, pour qu’un autre jour, à un autre réveil, je me demande encore et encore : que dit-il ? BF.

Moissonnée en pleine rêverie, vrombissement de tracteur interminable, préparatifs de la foire de la Saint Martin, croire échapper à la pétarade en surpressions sur l’oreiller, trop tard: défilé des impératifs du jour  ressauts crâniens Essayer de retenir un peu du rouge flamboyant de l’érable de Chêne-Bougerie. Laisser germer, demain peut-être… SG.

quels étaient ses souvenirs qu’est-ce qui l’a poussée à revenir ici ?
et sensation de chaleur, odeur de tabac de cuir de voiture d’air marin CD

Ressassement de la soif avant même que ça commence. Ils me gâchent jusqu’à mon réveil. Quelle heure ? VF.

– is there a night is there a night.
– Je n’ai pas de visage.
– Ne variez pas les temps de vos temps.
– La porte n’est jamais fermée.
TM

Je. Brume sur les rives verdoyantes. Le Douro. Ce que j’ai construit est beau, fragile et protecteur. Éternel et éphémère. Ma mémoire est le refuge. Cueillir. Tenir en soi. Est-ce mon rêve qui a été colonisé ou mon imaginaire qui reconnaît son territoire ? TH.

J’ai mal partout, tout ce bruit, il faudrait se réveiller mais il y aura cette phrase à trouver et trop de choses à faire et je peux quand même pas dire que ça mais j’ai mal partout et après tout il faut se lever et puis pour le reste. VB.

Déjà sept heures. Ouf, je ne dois plus essayer de me rendormir… CK.

Du ventre. Ça infuse et remonte, comme un pli de moi, qui ravive une mémoire oubliée. Je me rappelle que j’ai des doigts, qui me semblent creux, et ne bougent pas. Je réfléchis à l’idée d’agiter mes doigts, doucement, pour savoir où ils sont. Leur poids sur mes hanches se fait sentir. Mes hanches dont je me souviens, dans leur torsion. Je crois voir un chien qui court, mais je ne l’entends pas – mes yeux sont fermés, j’espère que ce sont les miens. Le genou droit me lance une douleur, comme une fusée de détresse et, sans comprendre, ce sont les orteils que j’essaie de remuer. Bois de l’eau, me dit quelqu’un – moi, à qui vient l’idée que ça changera de la bière d’hier soir. AF.

Madame madame c’est par ou ? Je cours pour attraper un train puis le mot transcendance mêlé à un air des blues brother Rolin rollin rollin. Rawhide le voyage d’une caravane de cow-boys chargés de convoyer 3000 têtes de bétail de San Antonio, dans le Texas, jusqu’à Sedalia, dans le Kansas, en 1860. LT

La tête lourde de sommeil qui arrache au monde ses couleurs de printemps. La récompense immédiate qui s’allume, comme un bonbon interdit et qui emporte les heures sur son passage. CB.

Nuit.Trois fois éveillée, trois fois aux aguets, à l’affût de ce qui balbutie avant que ne se rétablisse l’empire de la raison, trois fois n’avoir rien ramené dans ses filets, mais l’attention est prête pour qu’au matin… Loin le corps, conscience engluée, attention portée à ce qui va advenir. Matin du monde. Premiers mots. Anté-langage, qui sait. Obscurs forcément. Poétiques certainement. Prête à les accueillir. Les aller chercher, tendre l’oreille à ce qui se dit dans les tréfonds. « /C’est politique/ ». Déception. Comme avec ces rêves doublement codés dont le contenu manifeste en est devenu si banal, prétendument lisse, qu’on se dit «avoir rêvé pour ça…» BG.

«Il faut libérer l’esclave Johnson.» VP.

Je suis encore dans l’immense de mon inconscient, une scène, un zénith, des figures, des corps, peut-être des couleurs, des rapprochements, des êtres rencontrés dans une vie, étonnée d’être là si près d’eux… et au loin, si près aussi, une musique lancinante, répétitive, tenace à troubler l’immense inconscient, torpeur, conscience, lueur, clarté. La chambre, les meubles, l’ensemble prend forme. Pas envie de revenir en coulisse, continuer à vivre sur la grande scène de l’inconscient. Mais la mémoire brûle mon cerveau. Se lever. Rejoindre la joyeuse troupe de joggeurs du dimanche. Reprendre pied dans la vie, dans le monde. MaM.

« Tu veux quoi. Plus je pense, moins je sais. » GB.

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