Dans le faisceau des vivants, nous reviendrons au bois / la nuit n’éteint jamais nos songes: mon père se promène dans les yeux de ma mère/ l’adieu est un signe, l’oubli est une tache dans le ciel/ lâcher prise/ l’enfance est mon pays natal: tant de soleil dans le sang, vivre dans le feu des cours d’eau peu considérables, le ciel brûle sur les chemins noirs/ manière de sombre, éloge de l’ombre/ à l’aube d’un buisson, assise devant la mer, les couleurs d’un hiver : marcher jusqu’au soir, l’herbe écrit, dans les ruines de la carte la petite herbe des mots, sous les serpents du ciel/ là-bas août est un mois d’automne: en remontant les ruisseaux, le regard de la source, cheminement vers le rien, fin des terres, passage des ombres, le bruissement des mots, le grand silence/ toucher terre/ petite géographie de la fuite: le reste du voyage, parcours non fléché, le train des jours, entre l’eau et la feuille, l’homme qui penche: écrire le cri/ pensées simples dans l’œuvre du monde le sentiment d’être seul, prémices du désert, chemin faisant le jour baisse, le jour et l’heure, mémoire de l’instant, tout fait évènement: le causse en hiver, le veilleur de brumes, ce peu de bruits à travers un verger/ au bord des mortes eaux, l’ombre s’allonge, l’air est cette foule/ sourdes contrées: os, plaie, peau, de l’air, lichen encore,/ emportée, debout sur le ciel, aveuglante ou banale, aperçues, éparses, ainsi qu’il en va d’un cahier de brouillon: une lampe dans la lumière aride/ je vais faire un tour, aller simple sur la trace de Nives/ elle regarde passer les gens, du monde entier au creux du monde, minuit en mon silence, demain sera toujours trop tard/ la croisée des errances où se perdent nos pas/ un nord en moi ce serait du moins quelque chose, l’horizon partagé: comme sont nus les rêves, rien qu’une ombre inventée, une absurde fidélité peut-être sur les murs du temps, un peu de bleu dans le paysage/ ce pas et le suivant, quelque chose comme un cri, puisqu’il est ce silence/ notre vie n’est que mouvement, lent séisme, toute une vie bien ratée, le dénouement: chronique d’un égarement
difficile de faire un commentaire qui puisse bien témoigner des impressions reçues, la lumière surtout, celle du jour qui baisse, mais ne s’éteint pas…bel égarement…
Merci d’avoir pris le temps de l’égarement!
« Mon père se promène dans les yeux de ma mère »…Cette image si simple, si juste, si parlante.
C’est le titre d’un livre de Joël Vernet. Tout ce texte est conçu à partir des titres de livres de ma bibliothèque…
Merci pour cet éclairage de fabrique. J’ai cru me trouver par moment arriver quelque part… (#été 2021 faire un livre #1)… et être troublée par cet entrecroisement…
Je relis mon texte à l’éclairage de votre commentaire et me rends compte qu’effectivement tout se croise et mon texte « Faire un livre 1 » résonne avec ces titres de livres accolés ici! Alors merci!!!
plaisir de se perdre dans votre bibliothèque, et saisir au passage le Lent séisme de Juliette
Oui il y a le livre de Juliette Cortese lu il y a peu! Merci Caroline de vous être arrêtée!
comme ça fonctionne bien!
et le titre magnifique « comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe » et celui d’un recueil de déborah heissler (cheyne éd.). coïncidence, je feuilletais ce matin son dernier…(à lire)
bonne continuation
Oui ce titre est magnifique! et je vais chercher le nouveau Déborah Heissler: merci de l’avoir signalé!