Il venait de temps à autre chez mes parents, parfois avec sa femme, une femme grise et triste. C’était un petit homme au visage rond et lisse, toujours souriant, toujours riant, des joues rebondies un peu roses, une couronne de cheveux gris très courts, des hommes chauves, il y en a plein, oui mais lui, Monsieur DG, il avait été scalpé pendant la guerre. Scalpé, comme les cow-boys qui se faisaient attraper par les Indiens dans les westerns qui passaient à la télévision.
Une très vieille dame, visage de pomme ratatinée, petite silhouette grise rabougrie, recroquevillée dans son fauteuil près de la fenêtre qui donnait sur la rue, souriante, heureuse de voir quelqu’un, de voir la vie autour d’elle, les plafonds hauts couverts de fresques et elle, dans son fauteuil, gilet informe, jupe grise, des collants opaques, des pieds épais dans d’énormes pantoufles à carreaux. Ce n’est que plus tard que j’ai su qu’on appelait ça des charentaises.
Le Docteur A. était grand et impressionnant avec son tablier blanc. Ma mère m’emmenait chez lui une fois l’an, pour voir si tout allait bien, il fallait attendre longtemps, mais tout allait bien. Parfois, il venait à la maison, si j’avais de la fièvre. Sa voix était posée et calme, il était souriant, ses diagnostics étaient justes et ses remèdes efficaces. Cela rassurait ma mère. Quand il marchait, le Docteur A. avait la tête qui penchait vers la droite.
Tiens, un docteur aussi, par chez vous. 🙂
Beaux portraits précis délicats.