Vingt secondes et puis CLIC-CLAC comme de la magie ce CLIC-CLAC il n’a plus qu’à appuyer sur la petite touche du retardateur et c’est fait CLIC-CLAC la cascade apparaît progressivement sur l’écran finalement il devrait plutôt essayer F16 à nouveau 20 secondes et puis CLIC-CLAC un son à la fois définitif et joyeux avant la déception ou le contentement cette fois-ci ce sera le contentement CLIC-CLAC oui il en est sûr ce sera une belle photo de cascade avec cet effet satiné qu’il cherche à donner à cette force puissante et indomptée non qu’il aime cet effet pose longue avec filtre gris CLIC-CLAC car cette force lui apparaît ainsi comme muselée transformée en un ruban blanc de satin lui qui aimerait par goût la revoir vivante indomptée mais il est content de maîtriser cette technique sans que son sujet n’ait disparu avant la fin de ses préparatifs la cascade ne s’est pas enfuie devant sa capture prochaine CLIC-CLAC pas comme l’oncle Louis avec ses mises au point interminables si interminables que les enfants déguerpissaient avant d’avoir entendu ce CLIC-CLAC il fallait à nouveau rassembler la petite meute enfantine attendre le CLIC-CLAC pour avoir enfin la photo de famille au complet et plus tard ce sera le CLIC-CLAC du Reflex de sa mère ces cheese exigés son frère était devenu le roi du CLIC-CLAC avec son sourire américain garanti tout cela lui était apparu au fil du temps tellement triste cette obligation d’apparaître comme une famille heureuse qu’il en avait pris une détestation profonde pour la photo une overdose de CLIC-CLAC qui avait duré un bon nombre d’année c’est ainsi qu’il avait visité le Pérou sans appareil préférant s’emplir de la beauté des choses mais poursuivi par le CLIC-CLAC des appareils de ses amis qui shootaient à tour de bras avant d’avoir jeté ne serait-ce qu’un regard sur ce peuple sans regard qui n’arrivait encore pas à surmonter la destruction de leur civilisation des siècles auparavant prisonnier qu’il était d’un passé glorieux fantasmé et appelé par la vision d’un Sentier lumineux et puis il y avait eu l’Irlande cette terre aimée aux paysages si beaux ce peuple de musiciens si résilient alors il se rendit finalement compte que se passer de CLIC-CLAC lui enlevait la possibilité de faire revivre ensuite toutes ses rencontres avec leur singularité c’est ainsi que lorsqu’une amie lui remit de force son Sony alors qu’il partait en Chine ah non tu ne vas pas encore une fois revenir sans photos il découvrit le plaisir de saisir les scènes de la rue CLIC-CLAC et les bâtiments en même temps il dut transformer radicalement la façon dont il regardait le monde un peu en dilettante apprentissage difficile il apprit le cadrage non plus la vision à 180 degrés CLIC-CLAC l’instantané aussi vite saisir ces femmes avec leur épée le matin sur les places et ces enfants aux culottes percées ainsi que la danse des toits de Cité Interdite ou ces hordes de vélos envahissant les rues des grandes villes CLIC-CLAC alors oui il fut content d’avoir pu saisir les derniers instants d’un monde qui allait si vite disparaître il avait appris aussi pour la vie le cadre la rigueur la persévérance et avait compris qu’il pouvait aussi se faire plaisir à saisir la somptuosité d’un coucher de soleil dans l’océan mais là maintenant dans ce Jura tout bruissant de la vie tumultueuse de l’eau il est satisfait de son réglage la cascade de Courbet est bien rendue vite un autre angle transporter son pied sur le côté gauche de la cascade avant que la lumière ne change 20 secondes et puis CLIC-CLAC.
Le dilemme de l’appareil photo, oui, non, profiter de, sans, capter le moindre instant, avec, chaque choix une façon de garder une trace en mémoire.