Quelqu’un arrive quelque part
Elle cherche son chemin au petit matin, en colère et perdue. Elle cherche une maison qu’elle pense reconnaître aux couleurs de la façade et aux chuchotements de la rue. Elle y séjourne depuis peu. Elle la trouve enfin et décide de faire un détour et de passer par le petit portail du fond du jardin, celui qui donne sur le marais. (elle connait donc ce chemin : pourquoi ? quand l’a-t-elle emprunté ?)
Ce que je sais : Elle, s’appelle Camille. Je la connais déjà un peu. Elle sort d’un poste de police où elle a passé la nuit en garde à vue. Vol d’un vélo et ivresse joyeuse en compagnie d’Hugo qu’elle vient de rencontrer. Camille en ressort au petit matin un peu déboussolée et Hugo y reste à cause d’antécédents (prétexte trouvé pour faire rester Camille plus longtemps chez Augustine).
Ce texte est écrit, bancal, fragmentaire. A travailler et à ajouter au pdf ?
Avant, bien avant, elle a quitté l’île où elle vivait avec son grand-père. Trop étroite, trop calme pour ses rêves de jeune adulte. Elle a tout quitté sur un coup de tête, pour partir « à l’aventure ». Elle n’a pas trouvé la liberté recherchée ni l’enchantement attendu.
Celle qui attend, attend Camille, assise sur une chaise sous la véranda. L’inquiétude a agité sa nuit et se poursuit au petit matin.
Ce que je sais : Celle qui attend est Augustine, âgée 90 ans (environ), sans lien familial ou amical avec Camille. Un matin, elle a trouvé une étrangère dans sa maison, Camille venait d’y passer la nuit, pensant la maison abandonnée. Entre elle et Camille c’est le début d’un lien fort, comme un coup de foudre (pas amoureux mais amical) qu’elles ne perçoivent pas encore.
Derrière le jardin enchevêtré ensauvagé. Deux yeux observent Camille. L’habitante des lieux s’est levée tôt pour nourrir les poules avant de s’asseoir dans le fauteuil du salon et observer, comme elle le fait chaque jour, les passants dans la rue.
Ce que je sais depuis l’écriture de la L2 où le personnage est apparu : elle se prénomme Madeleine. J’avais envisagé un personnage très très secondaire qui lui ressemblerait mais depuis L2 Madeleine s’impose. Elle se méfie de l’air du temps, des idées nouvelles et du tumulte de la foule. Elle sort pour acheter le pain un jour sur deux et se nourrit de la récolte du jardin.
Ce que je ne sais pas : son rôle dans l’histoire.
Ce qu’il y a à écrire : tant à démêler ! Ce projet de livre existe depuis quelques mois déjà. Son début n’est pas le texte : « Quelqu’un arrive quelque part » mais un autre texte écrit hors atelier : en tout cas c’est ce que je pense à cet instant. L’histoire a débuté avant et dans le même temps j’ai le sentiment que la véritable histoire débute au moment où Camille, perdue, veut retrouver la maison d’Augustine, comme une bouée.
Le texte prend des directions nouvelles très régulièrement, trop à mon goût. Un personnage qui me semblait principal devient secondaire (Hugo), un autre s’impose : Madeleine. Un autre était décédé avant de revenir à la vie : Marcel, le mari d’Augustine. Le cœur de l’histoire est à écrire.
Intentions confuses et questions désordonnées : Je voudrais suggérer l’amitié qui se tisse entre Camille (une vingtaine d’années) et Augustine (90 ans), une évidence qu’elles mettent à distance car elles n’en comprennent pas la raison (en comprendre la raison). Raconter la maison d’Augustine (La Sablière) comme lieu de consolation pour Camille, le chemin de réconciliation avec la vie pour Augustine attaché au passé.
J’aimerais aborder la transmission et ce qui se cache derrière l’isolement d’Augustine et de Madeleine. Au-delà de leur solitude actuelle, elles ont vécu une vie pleine et des périodes « extra » ordinaire : le temps de la seconde guerre et lors des années suivantes.
Comment faire des allers et retours du passé au présent sans perdre le fil de l’histoire ? Voilà mon écueil : une suite de souvenirs, de retours en arrière et aucune histoire dans le présent.
Je suis attirée par l’avant et l’ailleurs, le mystère et le merveilleux. Plus de merveilleux que de mystère.
Quelle est l’intention ? Quels sont les fantômes de mon histoire ? (ref au n°34 de Eric Pessan – Oter les masques).
J’ai les mêmes doutes que toi sur les personnages, ceux qui vont s’imposer, ceux qui vont rester dans l’ombre. Je trouve que c’est bien qu’ils nous indiquent le chemin qu’ils veulent suivre. Beaucoup aimé ton texte.
Merci Héléna.
Je vais me laisser porter sur le chemin de mes personnages.
oh je crois que vous m’avez fourni mon cadre… pas certaine d’être capable d’un travail aussi fouillé mais…
J’en suis ravie !
J’aime bien ces deux personnages qui s’affirment, une belle relation avec tout cet écart d’âge. C’est intéressant aussi ce cheminement de cette histoire en toi, depuis un bon moment. Tu peux peut-être travailler aussi sur la forme de ton écriture, sa matérialité, son apparition? Bonne suite!
Je me questionne justement sur la forme de l’écriture sans réponse pour le moment. Je n’ai peut être pas assez lu ou suis-je trop « collée » à des formes classiques.