Que tu n’as pas eu d’enfant. Des canaris et, toi, un air aussi, un peu canaille. Qu’est-ce qu’ils laissent d’eux, les morts? D’elles, les grandes tantes? Un portail fou. Ta voiture comme dans les bandes-dessinées, qui tressaute pour trois mètres. Et puis ta voiture plus jamais, une pièce de plus dans l’allée, où fourrer ton fatras. Ma mère encore plus douce et discrète, devant tes mains dures, qui pincent les choses. Son propre sirop de menthe que ta mère faisait. Tu t’es pas mariée. La mercerie, seulement. Les vieux manuels d’anglais que ma mère te rapportait du collège et dont tu faisais absolument tous les exercices de toutes les pages, pour un jour savoir. T’es jamais allée à Paris ou l’étranger. Une fois peut-être, en Italie. T’es arrivée ici, au sud, depuis la même Alger que tous ceux de votre nom de famille, votre grand verbe « être » conjugaison futur. Tes robes qui se boutonnaient par devant, larges, tes mollets maigres. Tes vestes en laine l’hiver, jamais de manteau. Tu te levais tôt. Qu’est-ce que tu faisais, chaque soir?
Intéressant. Des détails minuscules qui disent beaucoup comme la robe que l’on boutonne par le devant. En quelques touches, le personnage est brossé.
Touchant. J’ai eu une grand tante mercière qui s’est mariée sur le très tard. Et puis j’aime voir sortir les « colonies » dans plein de textes. c’est mon thème, ma question, mon point d’intérêt, mon envie d’écrire cet été.