A Tambacounda, à l’attente du poste d’octroi, comme on a bien le temps avant que chacun puisse poursuivre sa route, Mathieu me raconte comment il est devenu Babudu, tout près de là, comment il n’a jamais pu l’écrire, à quel point il a eu besoin d’en enregistrer des fragments, jamais rassasié de cela, comment aujourd’hui il est revenu là pour essayer de recoudre tout ça.
A Cluj où je ne passe pourtant qu’un court moment, Ioana, du département de français de l’université, me présente la capitaine de police Raluca. Le courant passe aussitôt entre nous et, grâce à la traduction de Ioana, Raluca me raconte l’enquête qu’elle vient de faire à cheval entre la Roumanie et la France et qui l’a finalement conduite en Russie, d’où elle revient tout juste.
A Arkhangelsk, dans le hall du Novotel, je suis à la recherche d’un chargeur pour mon téléphone. Un certain P. S. me prête le sien. Il tient à rester discret sur son identité, il m’apprend tout de même qu’il est suédois et me raconte à demi-mot qu’il travaille, en relation avec l’Académie suédoise, à un grand projet qui va révolutionner le prix Nobel de littérature.
Au pied de la tour de W. B. Yeats, au cœur de l’Irlande, je rencontre Elise qui a l’air d’être aussi émue que moi devant ces vieilles pierres. Elle est française, revient tout juste du Sénégal, que je lui dis être si cher à mon cœur et alors, sans que je puisse l’arrêter, elle me raconte l’histoire de son oncle Cadichon et surtout l’histoire de sa mort qui l’a conduite là-bas.
J’avais besoin de marcher sur des chemins connus. Sur le chemin des coteaux, j’aperçois une femme qui semble se livrer à un curieux rituel. C’est elle qui vient vers moi alors que je n’ose plus bouger. Elle me dit qu’elle s’appelle Elue-Anne, qu’elle marche au long des chemins et tient à me raconter pourquoi elle y fait cela.