La banquette a l’oreille collée à la porte du couloir où se font parfois de mystérieuses sorties. Elle est à l’opposé de la porte donnant sur la salle à manger, celle qui écoute la télé des années soixante, qui la fait vibrer un peu parfois. Rien à voir avec les vibrations des contre-vents plaqués aux vitre de la grande fenêtre, juste au pied de la banquette quand passent les trains au bout de l’impasse.
Puis la banquette se retrouve dans l’ancienne cuisine amputée de l’espace des WC et de la salle de bain, les nouveautés des années soixante-dix. Elle est rencognée entre le retour de la cheminée et toujours le même mur de façade dont les vitres vibrent au passage des trains. En plus des bruits de chasse d’eau et des bruits de douche mais surtout du cliquettement de la porte lorsque l’une des autres, à l’extérieur se ferme ou s’ouvre brusquement.
Dans le grand lit, on peut se retourner dans tous les sens. Enfin, un lit au centre d’une chambre, avec un lustre aux pendeloques de faux cristal au-dessus, avec un parquet aux mille chemins de vieux bois, avec les rameaux d’olivier bénis qui dépassent de sur l’armoire, avec le buste de Beethoven sur la cheminée d’angle, avec la descente de lit à longs poils qui sent la poussière magique. Les branches du mimosa n’existent que par les ombres chinoises qu’elles dessinent sur la tapisserie claire. Là, au cœur d’une rarissime grasse matinée de la fin des années quatre-vingt, on n’a pas envie de savoir ce qui se passe dehors.
le grand lit dans le calme d’une chambre où demeurer après la banquette nomade et précaire