-C’est moi
il a dit ça…
-C’est moi
Comme si C’est moi était une piste…
-C’est moi
Une identité peut-ÊTRE ?
Un indice…Un nom, un prénom…
Rien, si n’est ce moi
qui est lui
qui n’est pas moi
ou je ME pince, ME tape
Cette voix grave, si méconnaissable, assurée dans l’interphone n’est pas mon double…
-C’est toi ?
Je dis…
Ce MOI sans visage n’est pas aussi rempli d’assurance que ce moi sans mémoire
-C’est toi ?
Je répète…
La blague
Est-il toi ce MOI si GROS dans sa prononciation,
Ce MOI ENORME, dit dans un grand écart de mâchoire,
un claquement de mandibules,
Ce MOI à pleine lèvres aussi boursouflées qu’une bouche siliconée,
Connais pas
Est-il vraiment TOI, ce petit-toi-sussurant, chuchotant du bout des lèvres aussi resserées qu’un cul de poule ?
-C’est qui ?
J’insiste…
-Tu me calcules pas
(le TOI tremble)
Incompréhension : je dois calculer quoi ?
Le nombre de marches qui me sépare de l’alter ego ?
-39
Le nombre de minutes perdues à me demander qui c’est avant d’appuyer sur le bip ?
-1 minute
BIP
Le nombre d’ego qui se dresse à la présentation ?
-2
Sylvie Tissot définit l’entre-SOI comme un « groupement de personnes aux caractéristiques communes », notion impliquant une mise à distance plus ou moins active et consciente de groupes opprimés ou opprimants.
J’aime bien, y a du peps.
Après avoir lu votre texte et son titre, j’ai changé le titre du mien. Il s’appelait « tomber », d’un banal à pleurer et je l’ai renommé « C’est pas moi », parce qu’en fait, le texte va vers ça. Je vous en suis agréablement redevable mais si ça vous embête, dites moi et je reviens à ma banalité. Merci. B.
Encore moi : je m’aperçois que vous êtes chez Sarraute et moi chez Artaud. Ça fait rien!