C’est bien pratique les pommes de terre, on peut en faire à toutes les sauces, de toutes les manières.
Classique incontournable sur les tables de ma mère et ma grand-mère qui n’ont pour la cuisine aucun penchant. Chez nous on prépare les repas, on mâche, on digère parce qu’il faut bien manger pour vivre.
Elles m’ont légué le goût de la pomme de terre à l’eau avec une noix de beurre salé, quelques feuilles de salade verte, une tranche de jambon ou un œuf sur le plat et du fromage en quantité déraisonnable, accompagné de pain et de vin. Le triptyque indispensable. Encore un peu de vin pour accompagner le fromage… Encore un peu de fromage, il me reste du pain… Encore un peu de pain pour finir mon verre de vin…
Et puis, les pommes de terre à la vapeur, en salade, sautées dans du beurre ou de l’huile d’olive pour ma grand-mère, en gratin dans du lait c’est plus digeste que la crème, en frites surgelées passées au four et devenues sèches et revêches, bien commode avec les petits-enfants – Mais moi j’aime pas les frites, répète désespérément l’un des jumeaux aux jambes qui s’activent – trempées dans du ketchup, de la mayo, de la moutarde, de la sauce tomate, avec du poulet froid ou du rosbif. Fabuleux la pomme de terre ! On peut même la faire au micro-onde : un peu d’eau et de sel, un film alimentaire et quelques minutes, les patates sont cuites.
Pommes de terres revenues dans l’huile d’olive, dorées sur le pourtour, craquantes, suintantes dans leur robe de gras. Savoureuses lorsque la dent fait céder la petite croûte à la limite de la brûlure, entame la chair molle et granuleuse. Les angles rentrent dans les joues, raclent le palais, le morceau s’écrase quelques instants en bouche avant de glisser vers la gorge, de contracter l’œsophage. Le film huileux tapisse la langue, dessus et dessous, la salive sourd comme une résurgence, manque déborder de la lèvre, fait monter dans le nez une légère sensation d’écœurement que l’on tente d’apaiser avec des haricots verts. Las, ils ont baigné dans le même bain.
Quand on allait le dimanche, manger chez mes grands-parents, le menu était toujours identique. Pommes de terre sautées, haricots verts, paupiettes de veau aux champignons commandées chez le boucher, accompagnées de sa sauce en saucière. Un rituel qu’il eut été incongru de changer. Comme Noël a goût de raclette chez ma mère. On met tout sur la table et tout est simple. Chacun se sert, on en reprend jusqu’à tirer sur la ceinture, on boit de trop Encore un peu pour finir le fromage et les restes n’encombrent pas. Une ou deux parts de bûche à la mousse de fruit, ou de vacherin – Tiens ça fait longtemps qu’on n’a pas pris de vacherin – et mon frère est déjà en train de charger son sac sur l’épaule, il a déjà un pied dans une chaussure. Il ne s’éternise pas mon frère. C’est pas grave, on a mangé la raclette.
Oh mais j’adore!!!! en effet nous devrions songer à un livre sur la 🥔 !!! tellement de choses en creux autour de ce plat! merci je me suis régalée avec ton texte!
Régalée, c’est bien le mot ! Merci pour cette mise en appétit !
Bien contente que ça vous ait plu !