Celle qui souriait radieuse aux côtes de son frères dans les jardins publics. Celle qui cachait son visage dans ses mains pour retenir un fou rire. Celle qui marchait sur la promenade des anglais et qu’un regard d’enfant semblait encore grandir. Celle dont le portrait s’affichait sévère au-dessus du lit et son regard intimidait. Celle dont on disait qu’elle avait voulu se jeter dans le puits. Celle qui était partie un matin pour aller à la ville et y être placée. Celle qui chapeau de paille devant le mur de pierres sèches fut témoin de tout cela mais n’en dit jamais mot. Celle qui n’eût d’existence qu’après être apparue un beau jour dans un paquet de photo jaunies et c’était bien trop tard pour savoir qui elle était. Celle que saluaient déférents les habitants et qui visait peut-être à la sainteté. Celle qui pardonnât par deux fois la fidélité d’un mari infidèle et se substitua à la mère de ses enfants quand elle fut disparue. Et celle qui portait la douceur des humbles habitués à servir. Celle qui avait choisi un « rital » pour mari. Celles qui resta veuve longtemps sans vraiment plus penser à celui qu’elle avait perdu. Visages interchangeables et pourtant singuliers. Qui s’en rappellera quand celle qui avait cru toute sa vie être un enfant, expira un souffle exténué, le dernier sans doute, mais qui pour l’entendre ? Et toutes celles vouées à l’oubli à la nuit. Que nous disent elles toutes de cette éternité dont on prétend qu’elle sculpte les mémoires ? Les évoquer seulement serait trop difficile. Celles qui feuilles mortes ont fini en humus. Celle à qui tu pensais en regardant un cygne trébuchant dans la poussière où sillonnait un ruisseau d’ordures maculé. On n’en finirait plus de les évoquer celles qui furent toutes trahies, négligées, méprisées, délaissées, dédaignées.
celles sans qui les zutres ne seraient pas
celles dont on sait peu, et qui savaient