ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elles et eux l’attendent. Toutes et tous. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il ne peut rien contre elles et eux, même avec son 9 mm parabellum. Ce qu’il ne sait d’ailleurs pas, c’est qui elles et eux sont. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est trop tard. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il ne peut plus faire demi-tour, redescendre, repartir. Ce qu’il ne sait pas, c’est que sur le bateau, dans sa cabine, on rassemble déjà ses affaires, que le message annonçant son absence est prêt à partir. Ce qu’il ne sait pas, c’est que le temps n’efface pas tout, que les poissons parlent, que les bestioles l’observent. Ce qu’il ne sait pas, c’est que la vieille sirène, le vieux guichetier, les matelot à la dérive et celles et ceux qui grouillent derrière les volets clos des petites bicoques, l’attendent depuis longtemps. Ce qu’il ne sait pas, c’est que pour elles et eux il n’est ni question d’oubli ni de pardon. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elles et eux ne lui laissent aucune chance. Ce qu’il ne sait pas, c’est que pour elles et eux, avec sa dégaine passe-partout de bureaucrate, de tâcheron dans une antédiluvienne compagnie de commerce maritime, il est l’imprescriptible. Ce qu’il ne sait pas, c’est que l’écho de ses pas les attire. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elles et eux sont là, tout autour de lui, dans le sombre, masqués par la fraîcheur de l’océan. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elles et eux lisent en lui malgré la nuit. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elles et eux savent déjà sa mort.