#10 JE IL CORPS SANS ORGANE

Le je de ce vaisseau corporel, en ce moment, lentement s’apprête à mourir — à s’évanouir, à se métamorphoser — lentement. Imposant comme une ruine rouillée de vieux cargo, il scrute des signes — vagues. À attendre un récit — sans véritable objet, avec grande patience de prédateur — dans l’obscur affût de son immobilité rapide. Il ne bouge presque plus. Il doit s’arracher une part de lui-même Continuer la lecture#10 JE IL CORPS SANS ORGANE

Quand JE a peur de tout

Quand JE a peur de tout de la saleté de la poussière de la misère – non vous ferez après- il faut qu’elle nettoie elle passe les sanitaires des hôtels à la Javel, toute une vie étriquée à laver nettoyer devant ses propres pas, supprimer traces des étrangers qui ont fait avant soi sur la lunette ou à côté, passer Continuer la lectureQuand JE a peur de tout

(presque) Sans chanson

Il n’est pas sûr d’avoir jamais appris à ne pas se salir. Il n’est pas complètement sûr – jamais, de rien Il écoute de la musique. En même temps qu’il écrit (est-ce qu’on appelle ça « écrire » ?). C’est plutôt la nuit qu’il écrit. C’est pour n’être plus seul, probablement. Il dévie ? Il dévie. Il ne l’est pas. Seul, il Continuer la lecture(presque) Sans chanson

portion du littoral comprise entre les plus hautes et les plus basses mers

J’ai vu le gros des nuages gris en train de se disloquer sous les boutoirs du vent d’ouest, là-bas, là où la clarté montait au bout de la route qu’éclairait les phares. 27 septembre Elle a vu le gros des nuages gris en train de se disloquer – en loque, disséminée, éperdue, presque disparue, l’encre noire et c’est aux abords Continuer la lectureportion du littoral comprise entre les plus hautes et les plus basses mers

Etre une main au soleil #10

Etre une main au soleil Des pieds qui veulent aller Un genou qui se plie Une oreille qui se tend Des pensees battent refluent Des yeux clos rouge dedans Personne ne dit je Etre une peau qui se mue Qui épouse qui relâche Des images qui circulent Personne veut dire je Etre tendre Corps déambulant Indemne Abandonné Contenté ? Appétant

De la nuit, à tâtons

Je me laisse surprendre par la chair qui s’invite. La réalité crue ne se laisse pas voir, seulement des fragments aux bords effilochés. Au loin, une montagne évidente posée là dans une brume légère. Un sommet que les yeux embrasent de loin, une image, un paysage. Les jambes se résignent et arpentent jusqu’à s’approcher, grimpent jusqu’à la cime dans l’illusion Continuer la lectureDe la nuit, à tâtons

Nounours

Ce nounours, pelé comme un vieux mouton galeux, borgne de son œil gauche, la paille échappée de ses pieds malgré la pièce de tissu réparatrice, ce vieux nounours, jeté des rives lointaines de son enfance oubliée, échoué sur la plage de sa maturité, recueilli par les mains potelées des ses enfants, qui, de déménagement en déménagement, pendant toutes ces années, Continuer la lectureNounours

Fils et pelotes

Fil 1Les Sirènes sans doute aucun, depuis le conte jusqu’à l’œuf, elles auront toujours aimanté quelque chose, remué quelque part au profond une attirance, une frayeur, une question. La Sirène, elle, aura été attirée par le monde opposé au sien, celui de la surface contre les profondeurs, elle aura entr’aperçu – et ce que cette sente, de l’aperçu éveille là Continuer la lectureFils et pelotes

When we were young

Un pas après l’autre, c’est ça, plus que dix kilomètres avant la fin du jour, demain ce sera l’Aubrac, cette terre humide élevée, ce sol bouleversé par les glaciers qui y ont déposé d’énormes rochers, elle avait traversé ce même lieu enfant sur le porte-bagage de son père, c’était l’hiver, les pierres du chemin écrasaient les pneus du vélo la Continuer la lectureWhen we were young