Entre parenthèses

Dans le ventre palpitant, je me suis baignée, formée, développée, j’ai nagé en eaux troubles, voyagé entre les parois chaudes de sang, chaudes de chair. J’ai lâché un matin la matière nourricière pour rejoindre la lumière aveuglante du jour. Née. Crié. Ouvert les yeux, gigoté, pris contact avec le monde. Affûté mon regard, croisé, reconnu mes proches, leur ai souri. Continuer la lectureEntre parenthèses

L’ennui entre les lames

La Lys est un danger brumeux, la voiture chemine à distance mais se déporte quand le terre-plein se réduit, il n’y a pas de glissière de sécurité. Des cris, entre gloussements et grosse frayeur, le virage était un peu serré, on chambre notre chauffeur, l’eau est noire et prête à nous happer, le fantasme des carcasses de voitures retrouvées dans Continuer la lectureL’ennui entre les lames

Fenêtre sur le monde

Prélavage la scène tourne lentement dans le tambour des impressions des sensations que la mémoire rechigne à lâcher qu’elle garde en éternels non-dit non-su non-déclaré que s’est-il passé exactement on trempe on baigne ainsi le linge sale pour tenter de détacher une marque de plus que lors du cycle précédent récent le cycle précédent car la scène tourne ainsi souvent Continuer la lectureFenêtre sur le monde

remonter à l’air libre

Métro Un escalator gémissant, un ascenseur bringuebalant, sale et des marches écornées mènent au même quai. Dans les entrailles du quartier, des remugles fauves. Des rames sans chauffeur se succèdent dans un sens et dans l’autre. Des journaux gratuits, abandonnés depuis le matin jonchent le sol dallé et s’amoncellent en feuilles volantes entre les cubes où l’on peut s’asseoir pour contempler, Continuer la lectureremonter à l’air libre

calendrier perpétuel

27 septembre 1987 Rencontré quelqu’un d’autre, quelqu’un de bien, notre histoire prend la flotte, quelqu’un d’autre, de l’allure, de la culture, oui, je la connais, notre histoire rétrécit, se résume, se borne, un amour de jeunesse, presque une erreur. M’a caressé les cheveux avant de sortir, ne sait quand reviendra, son geste m’a effiloché à cœur. Froid. Me caler sous Continuer la lecturecalendrier perpétuel

sursis polychrome

La maison n’en peut plus. Une lourde masse, trimballée par une grue, va bientôt passer, lui raser la tête, faire voler ses dernières vitres en éclats, fouiller son ciment jusqu’à l’os, lui décoller la chair des poutres. Son destin d’invisible, de semblable à ses voisines, de droite, de gauche, d’en face et de plus loin, son destin d’oubliée dans les Continuer la lecturesursis polychrome

SABLE

Se redresser et marcher SABLE reprendre contact avec le sol, debout, sans but précis, suivre le fil SABLE flirt perpétuel avec la mer, inlassable SABLE ballet de marées chaque heure, chaque jour, chaque nuit, chaque seconde aussi pressante que la précédente SABLE à perte de vue des particules insaisissables, microscopiques et agglutinées, indépendantes et solidaires SABLE étendue fine, chaude qui Continuer la lectureSABLE

Un pied devant l’autre

Tu es en avant, le chemin est poussiéreux, sec, mes chaussures sont déjà couvertes de la poudre brune qui forme un nuage à notre passage et redescend en bruine volatile alors que nous avons à peine entamé notre balade de 10 kilomètres vers Macharaviaya et, à chaque pas, s’impriment les empreintes striées de mes semelles, tu es en avant comme Continuer la lectureUn pied devant l’autre

Ces blancs dans le texte

Quitter la côte au café Esperanza                  tourner à gauche               monter                     dépasser la maison du chevrier                 la propriété des Anglais                        l’ancien moulin        la casa de Adolf y su hermana                    lunettes de soleil           les murs sont d’une blancheur éclatante       le cimetière et les trois bancs            plus haut            la loma del niño perdido                 des visages burinés qui regardent le temps                      longtemps        le tunnel                 repère                   lieu de rendez-vous                   passer sous l’autoroute          quitter le macadam Continuer la lectureCes blancs dans le texte

Aller simple pour l’infini

                                       se quitter un jour et savoir toi et moi               dernière fois                  l’espace d’un regard                 la terrasse                       retraverser la terrasse         la maison                   se retourner vers la maison                faire un signe que tu ne vois pas                   trop de fatigue                     et ces blancs dans le texte               intérieurement seulement                 revenir. Les blancs, dans le corps du texte, se sont accumulés jusqu’à former barrage à la décidée de tes Continuer la lectureAller simple pour l’infini