INTOX

Je me suis oubliée dans un lit espagnol. Je tente d’écrire le souvenir d’une intoxication alimentaire. J’ai 18 ans. Elle se réveille dans la nuit en s’apercevant que les draps sont souillés. Elle n’est pas chez elle. Je ne suis pas chez moi. Elle se lève, enlève les draps, cherche la salle de bain, se sent honteuse, espère de tout Continuer la lectureINTOX

Une vie en quelques verbes

Je suis née, expulsée d’un ventre froid et dur. J’ai grandi et je ne m’en souviens presque pas. J’étais dans le flou, myope comme une taupe, je n’ai pas vu les détails. Je me suis ennuyée. J’ai joué dans le jardin de mes grands-parents, j’ai humé l’air frais, j’ai rencontré des tulipes colorées, je leur ai parlé. J’ai porté des Continuer la lectureUne vie en quelques verbes

ESPACES INFINIS.

Elle aurait pu tourner tout ça indéfiniment, ressasser. Le désastre. Pas de répit, pas de bouton pause. Elle aurait dû lui parler, l’écouter plus, comprendre avant. Parti si jeune de la maison, il dira « Je ne voulais pas la perdre » plus tard il dira à ses enfants chez nous on ne divorce pas. Et tout cela lui est venu aux Continuer la lectureESPACES INFINIS.

Il suffirait…

Les verres de communion s’offrent encore, je ne rêve pas. Aucune date, aucune mention sur ce gobelet de verre vert qui m’est échu il ya maintenant trente-trois ans. Et pendant trente-trois ans, jamais je ne me suis souciée de ce verre, seul témoin chez moi d’une maison oubliée depuis des années, vendue, on l’appelait le Ragabodot, la ferme des grands-parents Continuer la lectureIl suffirait…

Des blancs dans le Ragabodot

sous la tonnelle      l’ombre des feuillages dessine des arabesques      on s’y raconte des histoires mirobolantes      à mi-voix      un refuge loin des adultes      images esseulées égarées      images  indélébiles    le banc devant la porte      où s’asseyaient les grands-parents      avant la grande décrépitude      et Continuer la lectureDes blancs dans le Ragabodot

elle fenêtre

Heures pensives derrière les vitres du bureau lumineux à l’étage de la grande maison tristes heures longues heures lui suggérait Shakespeare alors que ce qu’elle tentait de combattre c’était davantage la langueur qui s’infiltrait à l’intérieur de son corps impuissant plutôt que la longueur du temps qui ne l’effrayait pas et l’amènerait fatalement vers la vieillesse et les cheveux gris Continuer la lectureelle fenêtre

Sols souvenirs

Ce devait être une terrasse en béton poudrée de sable orange que l’on venait d’asperger d’eau (et ça faisait comme des cloques dures par endroits, précédées d’auréoles colorées et puis ces petits amas de poussière à percer), dans une atmosphère léthargique, les bruits de l’habitude parvenant assourdis depuis le port, sous le ciel bleu si lumineux qu’il obligeait à cligner Continuer la lectureSols souvenirs

Verre de communion, mon œillet

15 Posé sur une étagère de la bibliothèque, il m’accompagne dans mes déménagements et, comme toujours après le dernier, a retrouvé sa place ici. Il brille dans la lumière matinale, c’est un verre vert, décoré d’un personnage blanc. Héritage d’une grand-mère. En avait-elle une série, un service ? S’en servait-elle vraiment à table ? Sa couleur ne devait autoriser d’autre Continuer la lectureVerre de communion, mon œillet

TRACES, mon PARPAING AILLEURS

bleu fané jaune sale bleu blanc rouge par avion noire comme l’encre de ses lettres TRACES des chiffres sur des enveloppes quelques mots au dos d’une photo noir et blanc un visage inconnu TRACES toutes ces images de convois d’hommes le pont d’un bateau un horizon de sable et d’eau j’ai dit la Méditerranée « Sur le Ville d’Oran le 20 Continuer la lectureTRACES, mon PARPAING AILLEURS