parler c’était quoi alors

Parler c’était quoi alors        rien         la table toujours encombrée avec de la vaisselle des miettes de pain des objets à traîner parce qu’avec des enfants on ne peut pas garder une maison impeccable même si on s’acharne          les bruits de succion quand on mangeait la soupe le soir        Père avait une voix lourde et rageuse pour le peu qu’il disait         on Continuer la lectureparler c’était quoi alors

Leurs gestes

Une boîte en carton bleu clair et beige         avec une séparation        en carton d’un côté des cylindres        creux        de l’autre les mêmes quelques millimètres de moins pour qu’ils s’emboitent parfaitement quand        la main du père        si grande qu’elle attrape à elle seule le ballon de basket les dimanches de match        dispose sur une feuille blanche        carrée        d’un côté cul posé contre elle prêt à recevoir        le demi-cachet en pain Continuer la lectureLeurs gestes

#6 Cinq fenêtres

fenêtre occultée par des feuilles de journaux collées à l’intérieur impossible d’y voir rien que des nouvelles anciennes des photos jaunies du texte encre passée ici des résultats sportifs d’un week-end plusieurs années avant qui a gagné ce match et c’était important sur le moment mais aujourd’hui combien ont arrêté le moindre entrainement et choisissent plutôt de suivre à la Continuer la lecture#6 Cinq fenêtres

ÉTÉ 2019 #06 | il elle fenêtre

Non pas la fenêtre en ce qu’elle définit un cadre à découper en 2D des fragments de réel, ceux qu’on a devant soi ou ceux que mémoriellement on porte, mais parce que cette surface transparente est doublement réfléchissante : c’est vous que le paysage regarde, et vous-même que vous cherchez en regardant. Débusquer alors ces fenêtres au présent ou ces Continuer la lectureÉTÉ 2019 #06 | il elle fenêtre

Cri

DU SEUIL      le couloir s’enfuit        suit la mosaïque dorée du parquet éraflé      parcourue cent mille fois de l’enfance à ce jour      porte vitrée  au bout      toujours ouverte       on aperçoit l’enfilade en teck foncé       les bibelots dessus       le paradoxe de ces bibelots        dans logement social        mais là      CRI  là dans l’encadrement de la porte       quelque chose ne va pas         quelque chose       d’inhabituel         CRIE sans savoir encore pourquoi         sa tête  penchée       en arrière sa tête déborde du divan qu’on ne voit Continuer la lectureCri

La Visite

Et quand elle entrait         la télévision hurlait          projetant des images violentes dans leurs yeux fascinés          leurs regards ne se tournaient plus vers l’extérieur          croyant voir le monde sur le petit écran          des couleurs et des sons qu’ils ne comprenaient plus          Sur la table basse, un enchevêtrement de pots          bégonias         orchidées        posés sur des coupelles          un entassement de papiers           feuilles Continuer la lectureLa Visite

Les murs de Jérusalem

Elle pensait à ce moment passé, hier, au Mucem, ou, devrait-elle écrire, au fort Saint Jean ? Ça aurait pu être à Jérusalem mais c’était au Mucem, le premier dimanche du mois, la visite gratuite de l’exposition Dubuffet « un barbare en Europe » lui avait plu, l’avait dérangée – elle aimait bien cela – après, elle avait pris la longue passerelle jusqu’au Continuer la lectureLes murs de Jérusalem

Proposition 2 PERSONNAGE / CUCU LA PRALINE

à chaque fois que je veux rêver différent de moi même j’écris quel est mon PERSONNAGE mon PERSONNAGE est un lévrier un chenapan un assassin une cigogne une fourmi un liseron un chat botté une courgette un cahier une flaque d’eau la cicatrice au ventre d’un gros monsieur une femme un accélérateur de moto une table immobile au centre d’une Continuer la lectureProposition 2 PERSONNAGE / CUCU LA PRALINE

B                 ancs de mémoire Ce fut                  comme  on se l’était doucement dit                 entre nous les frères     (mais sans trop s’appesantir                en se passant les demi-mots        du bord des lèvres               on se réjouissait de la bonne surprise                 cette faculté inespérée chez elle          supporter le choc         sans doute notre manière de conjurer)                 trop beau pour durer         ça a tenu Continuer la lecture

Arrêt

La nuit tombe sur l’arrêt de bus. Banc gris. Vide. Des cris d’enfants au loin. Une branche git, brisée, sur le toit de tôle. Gris aussi, ce toit, comme le banc, comme les colonnes de l’abri, grises d’un gris un peu plus foncé que les autres gris. La nuit tombe : le gris a gagné. Gris aussi le trottoir. Et personne Continuer la lectureArrêt