Spinnaker

J’ai appris un nouveau mot, de ceux qui font rêver, qui m’a d’abord empêchée d’écrire, car il est sur l’eau, loin de mon milieu habituel. Une fois rentrée, j’y réfléchis. Il me fascine, autant que l’objet qu’il désigne. Une voile. Comment les hommes traversent-ils les eaux ? ça fait rêver, ça fait réfléchir, ça fait peur aussi, ça peut être Continuer la lectureSpinnaker

Les jumeaux

Le mois d’août touche à sa fin. Elle aura bientôt exploré toute la ligne. Il reste pourtant deux stations particulièrement intrigantes, Mouillard et La Piémente. Mouillard est situé sur le parcours du bus en site propre, à la sortie d’un tunnel et à l’entrée du pont d’accès à la gare de Vaise réservé aux bus. La Piémente à la sortie Continuer la lectureLes jumeaux

C’en est une !

Vibrations cosmiques, étreinte puis coagulation. Entrevoir le canal tendre et chaud de sortie, serrer ses frêles mâchoires et amorcer une glissade sans même connaître le point de chute. Pousser un cri pour respirer l’air ambiant et clamer son arrivée, repérer tout de suite trois personnes, la mère vue d’en dessous, la grand-mère une larme sur la joue et une femme Continuer la lectureC’en est une !

Mes fenêtres

Regards lucides au travers de la fenêtre sur la ville maritime oui c’est beau non ce n’est pas beau la mer l’horizon sont beaux pas la rue le quai aux bateaux pour les îles parois blanches perforées de hublots et cheminées cracheuses de fumées noires toxiques barques de survie accrochées en attente de drames chapelets de voitures scarabées qui s’engouffrent Continuer la lectureMes fenêtres

Molok/Moloch

Contre le mur du cimetière, quatre conteneurs, ballons surgis de terre, installés par les hommes pour leur mieux vivre. Ronds, habillés de lattes de bois trompeuses, de ce matériau qui nous empoisonne, le plastique — imitation parfaite, veines apparentes, fibres colorées dans la masse –… Coiffés de couvercles rebondis gris passe-muraille, casques de guerriers, leurs ombres projetées sur le sol Continuer la lectureMolok/Moloch

TROP

TROP tard pour me redresser, non, jamais TROP tôt, jamais TROP tard pour tenter ça, me redresser, retrouver ma verticale TROP souvent perdue à courir après tout, après rien, comme un chien en laisse, lassée de courir après la vie qui fuit, TROP, c’est TROP, et pourtant autrefois à mes yeux d’enfant rien de TROP beau, TROP grand quand je Continuer la lectureTROP

Miracle des feuilles

blancheur de sa peau d’enfant dans l’encadrement de la fenêtre derrière une jardinière de fleurs regard envolé quand il retombe sur son visage de cinq ans photographié dans l’angle gauche d’une fenêtre de la maison à T. remonte en lui la sensation du délaissement ce froid dépaysement que voyait-il alors du monde dans sa bulle de rêve sans doute une Continuer la lectureMiracle des feuilles

Au chalet

Sur la table du petit déjeuner, un pot de confiture fraise rhubarbe, cerise, cugnarde aux coings. Les enfants sont serrés sur le banc – Hugo, Frédéric, Lucas – ils sont en tas devant la paroi de bois. Tout est en bois. La table le banc la paroi le parquet les poutres du plafond. Tout est petit. Tout petit. On dit Continuer la lectureAu chalet

Suis

Ai été conçue dans l’amour la jeunesse le désir de liberté. Inattendue mais désirée. J’ai été la catastrophe pour les uns, la planche de salut pour les autres. J’ai précipité l’histoire familiale, accéléré le temps, battu en brèche les conventions : j’ai déclenché les colères des grands-mères, j’ai marié mes parents, ni une ni deux et plus vite que ça, je Continuer la lectureSuis