L’Œil et la Sentinelle – V°2 P#04 Affinité pour la description

Un mardi 23 juillet, dans une rue d’un village du Sud : un jour sans mouvement. Le ciel est  limpide ;  l’immobilité règne et neutralise les éléments. Trente-cinq degrés à l’ombre, quarante-cinq au soleil. Le silence. L’Œil saisit dans son champ de vision la base d’une borne à incendie. Une base carrée encastrée, grise du béton coulé à la base de sa Continuer la lectureL’Œil et la Sentinelle – V°2 P#04 Affinité pour la description

Faire sans je

Ecrire un début, le début de sa vie c’est déjà mourir. L’enfance ça pue, obligation d’aimer, d’aimer l’autorité, si haute. Aimer la tyrannie organisée de l’ordre des autres. Pas d’autre choix que d’aimer, de s’alourdir avec des sourires qui font fondre les castrateurs. Mais il s’agit déjà de s’organiser, d’établir un ordre dans le fourmillement, l’impatience. Se castrer sans même Continuer la lectureFaire sans je

Un parpaing de phrase

ENCORE vouloir que les choses durent ENCORE un peu plus longtemps, que le parfum en bouche d’une glace à la figue s’écoule comme un torrent ENCORE neuf dans notre gorge remplie et qui ne veut désemplir, ENCORE, ne jamais arrêter, donner au corps la sensation que l’intelligible a pris possession de lui sans jamais quitter sa place, sans vouloir donner Continuer la lectureUn parpaing de phrase

Une phrase, des sols

Je m’amusais à redessiner avec les doigts les contours écornés des tomettes rouges, joue à terre, traçant un chemin sinueux dans leurs joints comme des voies sablonneuses, dans lesquels la matière s’effritait et s’immisçait sous mes ongles, je la creusais, la grattais, le plaisir du toucher primait sur le trésor, du paillasson de l’entrée et de ses  minces couches de terre, Continuer la lectureUne phrase, des sols

Nymiji (ma conscience contrariée, c’est ainsi que je la nomme) et moi

Tu n’es pas venue au monde. Pas encore. Je ne suis pas venue au monde, Nymiji, je te l’accorde, mais j’y suis arrivée, j’ai chu en arrivant, on tombe en naissant, j’ai su qu’il faisait nuit ou bien que le lieu était sombre ou que mes yeux étaient clos j’ai su qu’il y avait des bruits, de pas d’halètement de Continuer la lectureNymiji (ma conscience contrariée, c’est ainsi que je la nomme) et moi

L’arbre

Une tige de métal gris clair semble avoir comme émergé du goudron. La tige est carrée, et dépasse très légèrement le mur qui est situé juste derrière elle. Mur crépi crème, surmonté par quelques tuiles de couleur brique qui ondulent. Sur cette mer urbaine une plante actuellement vert tendre, grimpante, se repose quelque peu et regarde la rue. La rue Continuer la lectureL’arbre

Ma vie parallèle en compagnie d’un ours, d’une girafe et d’un hippopotame #3

Sortie du ventre de ma mère un jour de neige. Dommage fille et dommage rouquine. Laissé dire et on a fini par m’accueillir. Remué, vu virevolter des drôles de formes blanches qui étaient mes mains, gazouillé, jubilé de ma gorge qui vibrait et de ma bave qui roulait, rugi, fait pousser une dent, puis une autre, commencé à mordre, mal. Continuer la lectureMa vie parallèle en compagnie d’un ours, d’une girafe et d’un hippopotame #3

scène primitive

La maison dans le ciel, paradis primitif dont quelques vestiges subsistent dans des souvenirs sans mots. Des bribes d’images, des rêves d’enfants ont stocké des empreintes tactiles de l’appartement du treizième étage de ma toute jeune enfance. Vision en contre plongée, il faut se coucher sur le sol pour y accéder, l’appartement se visite en rampant à partir de la Continuer la lecturescène primitive