Ta gueule, le je!

Si je pars, c’est avec lui, l’oreiller.  Besoin de rien envie de toi. L’oreiller sous le bras. Après tout, il se transporte, l’oreiller. Un je c’est encombrant. Ce je-là, on lui avait dit, quelques années plus tard, qu’il avait pris trop de place, pourtant il tentait de se recroqueviller dans un coin du bus, sur un oreiller. Corps qui fait mal, Continuer la lectureTa gueule, le je!

Double Je(u), métatextes et Dupin sur la planche

Comme ici, maintenant, assurant que si il est hors de question d’aller explorer mes bas-fonds, je sais de bonne source qu’à jouer, jouer, jouer on oublie qu’il fallait d’abord écouter, écouter, écouter, et d’abord entendre, entendre, entendre. Trop tard à présent: les sérieuses pertes auditives s’aggravent du gaucher bègue que je reste.Cette dernière phrase est pure vérité. Il entretenait une Continuer la lectureDouble Je(u), métatextes et Dupin sur la planche

PAS JE ENCORE

(élargissement du récit 1 de #7) JE respire depuis dix jours à peine (c’est du tout neuf) JE — champ de vision de nouveau-né, pas de perspective, pas JE encore — engendré par la première prise d’air qui a irrigué la gorge aussi fort qu’une vague, la poitrine, le front, le cerveau, les membres à peau plissée après des mois recroquevillés dans Continuer la lecturePAS JE ENCORE

seize octobre deux mille dix-neuf

seize octobre deux mille dix-neuf je ne suis pas né, je nais, de ce matin atone et blanc de cette brume qui lentement se lève sur un jour sans lendemain, d’un cri étouffé, d’une ouate épaisse et douce, d’un embu pâle et gras comme un empâtement sur une toile de lin ; de ce regard qui hésite et se perd dans Continuer la lectureseize octobre deux mille dix-neuf

CREUSE

J’ai décidé de m’arrêter pour la nuit. Argenton dans la Creuse. Il avait plu. Une pluie d’été lourde. De quelle couleur était la lumière? Elle a vu des adolescents sauter du pont. Debout les pieds joints leurs corps glabres. J’ai pensé qu’ils pourraient se fracasser les jambes dans le fond de la rivière. Elle se détourne elle prend l’eau la Continuer la lectureCREUSE

ÉTÉ 2019 #11 | DEVENIR SON PROPRE DICTIONNAIRE

L’idée pour cette proposition : • prendre le temps de rassembler vos précédentes contributions dans un même fichier, enlever les références aux différentes propositions, trouver un ordre, même discontinu, même de façon lacunaire, et prendre le temps d’un peu de mise en page, approcher le plus possible du format d’un livre que vous appréciez. • puis, comme on développerait un Continuer la lectureÉTÉ 2019 #11 | DEVENIR SON PROPRE DICTIONNAIRE

Imprévue !

Je n’étais pas prévue ; j’ai accepté de naître ; j’ai ouvert les yeux ; j’ai essayé de vivre. Conçue pour réparer, longtemps j’ai cru être née par accident. Née pour raccommoder. Née suite à l’accident qui m’a précédée. Drôle de destin. Née pour restaurer, rapiécer, repriser, rafistoler, ravauder une famille. Drôle de ravaudeuse, née tordue, mal foutue, non conforme. J’ai refusé le Continuer la lectureImprévue !

#10 JE IL CORPS SANS ORGANE

Le je de ce vaisseau corporel, en ce moment, lentement s’apprête à mourir — à s’évanouir, à se métamorphoser — lentement. Imposant comme une ruine rouillée de vieux cargo, il scrute des signes — vagues. À attendre un récit — sans véritable objet, avec grande patience de prédateur — dans l’obscur affût de son immobilité rapide. Il ne bouge presque plus. Il doit s’arracher une part de lui-même Continuer la lecture#10 JE IL CORPS SANS ORGANE

Quand JE a peur de tout

Quand JE a peur de tout de la saleté de la poussière de la misère – non vous ferez après- il faut qu’elle nettoie elle passe les sanitaires des hôtels à la Javel, toute une vie étriquée à laver nettoyer devant ses propres pas, supprimer traces des étrangers qui ont fait avant soi sur la lunette ou à côté, passer Continuer la lectureQuand JE a peur de tout

(presque) Sans chanson

Il n’est pas sûr d’avoir jamais appris à ne pas se salir. Il n’est pas complètement sûr – jamais, de rien Il écoute de la musique. En même temps qu’il écrit (est-ce qu’on appelle ça « écrire » ?). C’est plutôt la nuit qu’il écrit. C’est pour n’être plus seul, probablement. Il dévie ? Il dévie. Il ne l’est pas. Seul, il Continuer la lecture(presque) Sans chanson