Le banc des Chibanis

10 heures d’un matin lumineux, la chaleur torride pas encore arrivée, ils sont là tous deux, devisant dans une langue inconnue, pas l’arabe,qu’elle entend souvent dans son quartier, souvent guttural, l’accent ici est plus doux, du kabyle ? Oui, certainement, l’accent doux comme leurs visages doux, comme apaisés, toujours si correctement habillés dans leur costume gris, elle les côtoie presque Continuer la lectureLe banc des Chibanis

Toilettes et porte-à-faux

Elle a reçu la veille le premier des livres commandés, écrit par un chauffeur de bus. « Aventures et mésaventures d’un chauffeur de bus » de Michel Brocq. Un goût un peu trop prononcé pour les jeux de mots datés, mais pour le reste elle y apprend des choses : les soucis qu’occasionne la conduite avec un véhicule dont porte à faux arrière Continuer la lectureToilettes et porte-à-faux

Manège

Les bêtes fichées aux barres verticales légèrement obliques, de bois lisse ou tourné sur toute leur longueur. Vaches cornues, cheval harnaché, souris et lapin en habit, tous de même taille sans vraisemblance d’échelle assez grands et solides pour supporter le poids de corps adultes. Le tout sur un plateau tournant ici à l’arrêt. Un manège pour petits et grands. Une Continuer la lectureManège

ROTONDE SANS PERSONNAGES

Souvent je la regarde depuis mon bureau, et je médite. Il s’agit d’une terrasse en demi-cercle, une rotonde large à sa base d’environ quarante mètres. Trois portes-fenêtres y donnent accès de plain-pied, elles correspondent au bureau du président. Ce bureau est flanqué, de part et d’autre, de bureaux plus petits : à gauche les bureaux du cabinet, à droite ceux du Continuer la lectureROTONDE SANS PERSONNAGES

Qui sort de terre

Matin tôt. Quinzième kilomètre. Fin de course. C’est le panneau d’abord, le panneau qui m’arrête au sol : POINT D’ASPIRATION. À côté, un tuyau métallique, courbé à gueule ronde – rotondité parfaite – pousse au bord du lac, comme une plante carnivore. Périscope improbable poussé dans l’herbe desséchée assoiffée, rêche. POINT D’ASPIRATION. Panneau rectangulaire rouge qui signale le danger. Le danger Continuer la lectureQui sort de terre

Petit matin à Coyoacan

Le samedi c’est jour de marché à la Duchère, au pied d’une des barres d’immeuble, dans un parking. Pas très dense en août, mais fréquenté quand même dans cette zone d’habitation que tous les commerces de détail ont délaissée (sauf la pharmacie) depuis longtemps. Il a plu pendant la nuit, l’air est frais et léger, humide, tout lavé de la Continuer la lecturePetit matin à Coyoacan

ETENDAGE

Un étendage multicolore, des joggins rouges ou blancs d’enfants, des chemises blanches d’ados derrière le platane à droite du sentier, installé tout en haut de panneaux de bois peints en blanc,adossés à une dalle de béton brut précontraint d’un pont, une installation précaire, un lieu de vie, cet étendage, les habits de bébés pendant, eux, acrobatiquement aux arbustes qui poussent Continuer la lectureETENDAGE

Sentinelle

Il est une fois, une seule à ce moment-là, une base carrée encastrée, aussi carrée qu’un carreau de cahier d’écolier qui cale et cadre la pointe travaillée du crayon, grise du béton coulé à la base de sa base. On pourrait la deviner puis la croire fermement posée sur une autre base, par son poids fermement peser sur l’autre base. Continuer la lectureSentinelle

L’espagnolette en son bouton

¡ Mira ! ¡ Mira ! l’espagnolette qui tient fermée la fenêtre, la croisée (six carreaux) le mur qui en retrait l’encadre (blanc le mur, d’autant plus blanc que le sol est rouge de tomettes) ¡ Mira !  le mur qui prend naissance à l’angle droit des tomettes, plâtre lisse (il ne date pas de l’époque de l’enchâssement de la fenêtre) Continuer la lectureL’espagnolette en son bouton