#4 Une table

C’est une table ronde, en fer. Une table verte. Le plateau est parsemé de trous, motifs arrondis, et les pieds en ferronnerie offrent des courbes esthétiques sans intérêt pratique évident. Une table de jardin pour quatre personnes, posée dans l’herbe jaunie. Quatre chaises donc, du même métal, de la même couleur. Quatre chaises identiques, et l’on serait bien en peine Continuer la lecture#4 Une table

Départ pour Berlin (suite 3 de l’aventure)

On était dimanche et il pleuvait. Elle partit assez tôt pour ne pas rater le 9 h 39, avec un vêtement de pluie à capuche. Pendant la nuit, elle s’était souvenu du livre de Maspéro Les passagers du Roissy-Express ; n’avait-il pas écrit également sur les aires de l’autoroute du soleil ? Lui ou un autre, elle avait toujours aimé les écrivains voyageurs, encore Continuer la lectureDépart pour Berlin (suite 3 de l’aventure)

Reprise

Je ne sais pourquoi je l’aime. Au goudron terne, salissures du marché qui perdurent malgré balayages et arrosages, en pente douce cernée de façades en béton gris alvéolées de profonds balcons que soulignent quelques briques rouges et jaunes ayant perdu leur lustre, la place reste déserte avant que quelques enfants ne l’envahissent à trottinette ou à vélo à la sortie Continuer la lectureReprise

#04 Réverbère

Réverbère imbécile. Lanterne à quatre pans. Une unique ampoule. Lueur orangée. Gaz rare sous pression. Du haut de son mât imitant la fonte ancienne, il éclaire un chemin communal impraticable sur lequel personne ne passe jamais de peur de se rompre le cou. Seules des vaches divaguantes l’empruntent quelques heures avant l’aube, le ravinant toujours avec une obstination quotidienne. Toute Continuer la lecture#04 Réverbère

Botanique de bord de route (suite 2 de l’aventure)

Le samedi, elle arriva trop tard. Le seul bus de la matinée passait à 7 h 16. Pas de 9 h 27. L’occasion de faire de la botanique de bord de route, comme le préconisait Gagnepain, son prof de biologie en prépa ; être capable de reconnaître la flore, même en voyageant en train ! Elle n’était jamais devenue une vraie experte comme le chercheur du Continuer la lectureBotanique de bord de route (suite 2 de l’aventure)

Rond-point fleurs

Les élégants nœuds tressés au bord des routes apparaissent à l’écran GPS et dansent autour d’eux, glissent sous les roues qui les absorbent, les lisent, les lissent en les parcourant ou en choisissant de continuer et les laissant dériver vers l’arrière, ou sur le côté contre leur joue, comme des fleurs offertes en bouquets, de trèfles à quatre ou six Continuer la lectureRond-point fleurs

Borne

Au bord de la route à droite, route traversant un village-dortoir ou village-mort, mais quand même un trottoir et une bâtisse en retrait flanquée de deux ailes encadrant une cour, la Chenevrière et maison d’hôtes gravés dans un des piliers de pierre, la borne, habituelle marque des bords de route, et pourtant non, l’objet avait disparu, une disparition discrète, non Continuer la lectureBorne

Au bout du quai numéro quatorze

Composteur, orange était ton ancêtre. L’assassin du poinçonneur, métier disparu auquel Serge rendit un hommage poétique. Compter les passagers, en allers, en retours, en correspondances, le matin, le midi et puis le soir aussi, plus rarement la nuit. Enrayer la fraude, pistes magnétiques, tampons, dates, codes, numéro de gare, le matin, le midi, et puis le soir aussi, plus rarement la nuit.Croquer Continuer la lectureAu bout du quai numéro quatorze

Deux arbres, un petit jardin, une porte

ainsi que madame Godard-Livet, j’ai comme le sentiment (parfois) de lire une consigne déjà abondée en pensée – il y a cette chanson qui faisait « le chagrin lâchait la bonde » (la Route aux quatre chansons, de Georges Brassens) – et pour une fois de réaliser un vrai billet de blog (et non un texte – il est vrai, cependant qu’il Continuer la lectureDeux arbres, un petit jardin, une porte

La passagère du 9h27 (suite de l’aventure)

L’expérience lui avait tant plu qu’elle décida d’y retourner le lendemain.« Observez, observez, observez sans cesse » conseillait Henry James à Virginia Woolf. Il y a tant à voir quand on regarde le monde. D’y retourner et d’y rester plus longtemps, car elle avait maintes fois remarqué qu’en demeurant au même endroit, il se passait des choses, on percevait autrement, comme si Continuer la lectureLa passagère du 9h27 (suite de l’aventure)