L’une parle l’autre bégaie

Mapetite et Lapetite : toujours ensemble mais jamais en même temps, elles apparaissent l’une et l’autre fondues en une seule et pourtant pas les mêmes Lapetite et Mapetite comme deux jumelles. Sont-elle de vraies jumelles ? Non non et mille fois non. Bien distinctes. L’une s’avance tandis que l’autre se recule l’une parle l’autre ânonne ou dort ou fulmine ou enrage ou Continuer la lectureL’une parle l’autre bégaie

La surface

C’est cela qui me revient, en premier, c’est une dernière fois. Les cheveux humides mais le vent du printemps sèche rapidement, il fait jour, il y a des promesses dans l’air. Pas de gêne, c’est la fin, on se réconcilie du coin de l’œil avec les garçons qui nous succèdent. Eux, ils s’entraînent à la compétition. Filles et garçons séparés. Continuer la lectureLa surface

Message personnel

Il est sept heures, Papa claque le coffre, tourne la clef. Je me cale à l’arrière près de la fenêtre, la petite au milieu finit sa nuit (tout à l’heure, chantera à tue-tête), le moyen de l’autre côté lit des bédés. Je regarde dehors, baladeur sur les oreilles tout le long du trajet. Ça va trop vite sur l’autoroute, j’ai Continuer la lectureMessage personnel

Carême

Après la saison des bals qui avaient lieu dans ma ville pendant les mois d’hiver, bal des juristes, bal des médecins, bal des confiseurs, bal des fleuristes, bal des officiers… chaque corporation ayant sa date affectée et dont le bal de l’Opéra était le plus réputé et le plus select… après chaque hiver passé à danser, les fidèles de la Continuer la lectureCarême

Retenir une quinte

Le feu allait passer au vert, déjà la petite poupée orange s’alarmait, paniquait et clignotait, bientôt il pourrait passer, il serait libéré comme on se soulage dans la quinte de toux d’une grande glaire qui coinçait, il allait pouvoir passer, se dégager droite et gauche, et s’arracher à la cohue morne d’être plein de voitures arrêtées, d’être un parking mais Continuer la lectureRetenir une quinte

Enterrement de la grand-mère

Dans la pièce minuscule, je regardais cette vieillarde dans son cercueil, devant moi, la reconnaissait à peine, cherchant dans les traits du visage si flétri quelque chose de familier. Tes cheveux blancs de coton, un léger maquillage sur tes paupières et du rose sur les lèvres. Tu t’étais assagie grand-mère sur la fin… Tout simplement, ce n’était pas toi qui Continuer la lectureEnterrement de la grand-mère

Voyage

Quand je lis, un ourlet violet se déroule sous la ligne noire du livre. Mais je n’arrive pas à suivre tous les mots dans leurs changements, je n’arrive pas à suivre une pensée du présent au passé. Virginia Woolf, The Waves dans sa traduction italienne, Einaudi, p. 28 Un jour, il est décidé d’aller en classe de neige. Un jour, Continuer la lectureVoyage

De bronze… De poussière… De pistache… De bakélite… (Ville)

­Sur le parvis de l’église Notre-Dame, à la sortie de la messe, chaque coup de cloche me frappait le crâne, et mon esprit s’enivrait dans les harmoniques vibrant comme la lumière au-dessus des dalles trop blanches de cette place coincée entre une rue, un carrefour et un boulevard large et menaçant, martial même dans ma vision d’enfant qui, confondant deux Continuer la lectureDe bronze… De poussière… De pistache… De bakélite… (Ville)

La bénichon

Il faut soigner le mal par le mal. Le père tend le verre au fils qui grimace. Soit. Le fils trempe les lèvres dans le vin blanc. Il a mal à la tête. Chaque année, il a mal à la tête mais il sait que ça va passer. C’est la bénichon, c’est comme ça, on commence par avoir mal à Continuer la lectureLa bénichon