Traits

Elle l’avait dé-visagé, avait fixé, gravé, épinglé  son visage avec une obsession : l’immortaliser.  Elle aurait voulu arracher la peau de ce visage, la mettre sous presse pour que jamais elle ne se fripe. Etait-elle jalouse du temps, son compagnon intime. Elle avait promené sa main sur son visage afin de le figer dans la glaise du souvenir. Elle n’avait pas Continuer la lectureTraits

Georgette

Encore maintenant, et depuis son départ – dès son départ – c’est sa voix qui m’a toujours dessiné son visage. Filigrane calé léger derrière le rideau à côté duquel elle s’asseyait. Ombre épaississant au fur et à mesure que montait la voix. Timbre de ses mots de remontrances flottant nombreux dans l’éclat noir de ses yeux, pas bien grands, mais Continuer la lectureGeorgette

pas que la barbe

Il n’était pas coquet, ou pas vraiment, il vérifiait seulement le matin dans sa glace qu’il était bien lui, qu’il se reconnaissait, et puis l’état de sa barbe, mais de son visage il savait uniquement que c’était une part de lui – une part qui semblait ne pas heurter les regards –, ne le voyait pas, l’habitait. ooOoo Ce matin Continuer la lecturepas que la barbe

personnages #1 visages

visage effacé. glisse dans le flou du souvenir. ressemble à une ombre ternie par l’usure du temps. absent de la mémoire. perdu au milieu de nulle part. supprimé à la vie. à quoi se raccrocher lorsque même l’idée du visage s’en est allé. vers qui se retourner pour faire resurgir le rien ?  visage absent à lui-même. en quête d’identité. en Continuer la lecturepersonnages #1 visages

Recouvert d’un jadis

La ligne de démarcation entre rêve et réalité n’est pas faite de précision, mais emplie de cette incertitude qui donne la sensation qu’on va sans doute la briser en remuant la main. Il se donnait l’air de rien à poser son regard loin sur un horizon sans avenir, à fixer cette ligne piquetée de points noirs où plus rien ne Continuer la lectureRecouvert d’un jadis

Cul-de-poule

J’aspirais très fort, les lèvres crispées – « comme si tu avalais la feuille ! » avait dit R., elle riait, je pensais à l’expression « en cul de poule », quel dégoût. Même les mots : agglutinés par le tiret, visqueux rivés. Trop près. Il aurait fallu recracher les plumes presque, une nausée âcre, l’odeur la honte, mais déjà le papier collait à ma bouche. Continuer la lectureCul-de-poule

Gigognes

un jour d’il y a un peu longtemps dans une vie d’homme (un jour d’avant les images pixels sur les écrans portables) j’avais retiré des boîtes carton, des pochettes plastifiées, les photos qui n’avaient pas pris racines d’oubli dans les albums. J’en avais répandu le désordre sur la table basse, comme une brassée d’automne, puis j’avais découpé pendant des heures, Continuer la lectureGigognes

propos sur la gueule et sur la gomina

où l’on retrouve konstantin peterzhak et gerogy flyorov . deux physiciens nucléaires . ayant vécu à l’ère soviétique . konstantin peterzhak tenant des propos . au jour le jour . à tout moment de la journée . georgy flyorov les notant scrupuleusement le soir dans sa chambre . les propos de peterzhak tenant alors à son insu dans 38 volumes épais et denses constituant son épopée . son aventure avec le monde . sa façon d’être au monde . Continuer la lecturepropos sur la gueule et sur la gomina

Prise/Déprise

                              1Quel est ton regard ? Celui que tu envisages.Quelle est ton écoute ? Celle de ton baume.Quelle est ta respiration ? Celle d’un lien.Quelle est ton espérance ? Celle d’un port.Quelle est ta chance ? Celle de nos errances.Quelle sera ta mort ? Celle de ma renaissance.                              2Ma question n’est pas que veux tu ? mais qu’as tu ?Ce que tu as n’est autre que l’envie Continuer la lecturePrise/Déprise