servir

Servir et bien sûr il n’a pas su – et sans doute l’ignore-t-il encore — qu’il était filmé (comment s’en serait-il aperçu d’ailleurs dans la cohue l’agitation tout ce boucan autour dedans profond à l’intérieur du crâne à secouer pilonner trépaner les molaires jusqu’à la racine, ça explosait détonnait soufflait vibrait beuglait (un dragon transpercé de lances et de flèches, Continuer la lectureservir

#5 Personnages | Dialogue à un seul qui parle

L’appartement est un mystère jamais exploré jusqu’au bout. Un labyrinthe, des pièces collées les unes aux autres. On entre d’un côté ou de l’autre du pâté de maison. Moi, toujours par la boutique à l’enseigne évidente : PHOTOGRAPHIE, lettres métalliques sur fond noir, police à empâtement. Une photo de lui dans l’encadrement de la porte, prise en 1970, immortalise à Continuer la lecture#5 Personnages | Dialogue à un seul qui parle

personnage#8, tout Mauvignier en une seule phrase + version ATL été 2017

comme tous les un jour sur trois, emmitouflé dans son parka marron, godillots fourrés aux pieds, casquette épaisse sur le crane, ça lui prend du temps pour se caparaçonner avec ce vent d’hiver qui se charge en froid sur la neige du plateau, il y tient à sa sortie, les retrouve autour de la camionnette, juste pour échanger un mot Continuer la lecturepersonnage#8, tout Mauvignier en une seule phrase + version ATL été 2017

Dans la tête de Giono (réécriture d’une page de NOE)

…parcourt la rue jusqu’à l’extrémité du boulevard Baille, où le tramways attend, comme d’habitude, devant les grilles de l’hôpital de la Timone dont sort une grosse bonne femme au bout d’un bon quart d’heure qu’il est monté dans la voiture,  s’asseyant à côté de lui elle soupire en disant : « je n’en peux plus, on me fait des rayons » elle s’adresse Continuer la lectureDans la tête de Giono (réécriture d’une page de NOE)

B., B. et B.

Bé : Son visage est lisse, poli, satiné. Du marbre blanc, proportionnellement et divinement antique. Tout son visage est de pierre, jusqu’à ses cheveux, arabesques immuables, éternelles. En son for intérieur, une plante d’appartement déposée sous les arbres. Elle manque d’eau et s’assèche, survivant avec peine de rosée en rosée. Ses racines la retiennent, encore mieux que des chaînes, quand un Continuer la lectureB., B. et B.

Près et loin

Lorsque sa vieille mère est morte, le grand fils appela longtemps, deux ans peut-être, tous les samedis sa tante. Les deux sœurs avaient la même voix presque et cette grande façon de rire.  Le téléphone de la mère a sonné un soir, très tard. C’était un vieil oncle. Il avait bu. « Alors ma grosse, comment ça vache!» -la mère était Continuer la lecturePrès et loin

L’ami de mon ami

Tu m’avais parlé de lui. Tu m’avais dit. Tu m’avais dit sa force de travail. Tu m’avais dit l’espérance. Tu m’avais dit les réalisations. Tu m’avais dit la ville. Tu m’avais dit le football. Tu m’avais dit le regard. Tu m’avais dit les possibles. Tu m’avais fait comprendre. La hauteur d’esprit. La simplicité. Et j’avais lu. Manifestement, tu avais trouvé. Continuer la lectureL’ami de mon ami

Retrouvailles

La sonnerie avait retenti longtemps, celle du fixe, personne ne l’appelait jamais sur celui-ci, elle avait cru à un énième appel venu lui vanter les mérites d’une isolation à un euro, aussi ne s’était-elle pas inquiétée, quand l’autre, le cellulaire, avait pris le relais, jouant « Paroles, paroles, paroles », elle se mit à chercher nerveusement l’engin toujours planqué quelque part dans Continuer la lectureRetrouvailles