JUIN

A-t-il plu une seule fois en douze années de juin ? La première année, ne compte pas dans la litanie des anniversaires. C’est l’année qui inaugure l’après. Celle du chagrin, de la colère, du déni aussi; passent les  mois qui semblent des années et la peine se cache au creux des vertèbres. Le juin de cette année là,  il faisait grand soleil. La tombe Continuer la lectureJUIN

Ah! Le téléphone!

Bonjour Catherine……..Oui, ça va…..Non il n’est pas rentré encore……… Et oui, bien obligée. Dis, je viens de déménager, oh! à peine cent mètres de là où j’étais avant, le propriétaire récupère l’appartement pour son fils …….Pas tant que ça : Je serai au 1er étage au lieu d’être de plain-pied, pas ravie du tout…… Oui,…… Oui, oui. Attends, je me Continuer la lectureAh! Le téléphone!

la plupart ne peuvent plus se reconnaitre

celle qui transpire l’angoisse de disparition jusqu’à poisser l’âme de celle qui est sa petite-chair et ses petites-entrailles ; celle qui perd son premier mari des suites de la grippe espagnole et son second sur le champ de bataille de la seconde guerre ; celle qui, digne, cheveux gris relevés en chignon, en bout de table, contemple l’angoisse de sa fille faire Continuer la lecturela plupart ne peuvent plus se reconnaitre

parfois le dimanche

Parfois le dimanche nous montons au village, comme le font les Bastiais. Pour nous qui sommes arrivés à Bastia depuis seulement quelques mois, il serait inconcevable de ne pas se plier au rituel auquel Pierrot met un point d’honneur, peut-être parce que de la fratrie elle est la seule à être née sur le continent, désormais la fille du village c’est Continuer la lectureparfois le dimanche

Liens

Ouiiii, je vais bien, et toi ? Expéditif. Laconique. Logique. SMS. Juste un petit signe de vie. Avec un joli émoticône, si on a de la chance. Pratique ados. Rien de méchant, on s’aime. Je t’aime, Mamiiiiee…Moi, je t’aime aussi, mais j’aimerais un peu plus de lecture, des nouvelles, du développement, des histoires, si possible. Mais non, il ne faut pas Continuer la lectureLiens

la blancheur

Un long moment elle a parcouru les endroits de sa vie récente à la recherche d’un événement cyclique, d’une circonstance, d’une simple scène qu’elle aurait observée ou à laquelle elle aurait participé et qui se serait répétée suffisamment de fois pour être saisie en écriture et restituer une sensation de temps écoulé, mais elle n’a pas trouvé. Depuis qu’elle vit Continuer la lecturela blancheur

En son for au fer fort

Casque brun, chevalier, ligne du regard vert comme chat sous front franc, tour forteresse au centre, large trait de chair rosée, creux aux joues fossettes où le sourire dévoile les dents, barricade qui rompt parfois quand se répand le rire, menton carré : espaces horizontaux juxtaposés de haut en bas vers l’horizon – avancent masqués, marqués au fer fort En Continuer la lectureEn son for au fer fort

Et presque dix ans plus tard

…et presque dix ans plus tard, toutes y pensent sûrement un peu, se souviennent que justement, c’était bien peu de s’arrêter à douze mais : elle n’est plus, est décédée, est morte, voilà l’enfance s’arrête et en plusieurs morceaux, leurs doigts jamais ne rassembleront la séparation déjà en amont ; « vous vous vivez les filles et vous devez vivre pour elle », interdits Continuer la lectureEt presque dix ans plus tard

Personnages#9 – Tabaski première

Heureusement que mon frère jumeau adoptif m’a prêté sa compétence à repasser un pantalon avec le fer à braises. Tout le monde est habillé de son mieux dès le matin d’un tel jour. Et il y en a d’impatients à le montrer. Les autres matins, quand on sort de la case des frères célibataires, pourtant à la même heure, on Continuer la lecturePersonnages#9 – Tabaski première