Des yeux comme ça

Des yeux comme ça. Assise à son bureau, de trois quarts, ses yeux balayent la salle, là et pas là, reprenant d’année en année Le Cid et Scapin. Des yeux comme ça, clairs et trompeurs. Des cheveux roux, impeccables, bouclés. Assise à son bureau, de trois quarts, dictant en accentuant les pluriels et les féminins, l’air absent, le regard au Continuer la lectureDes yeux comme ça

#2 Personnages | Celles qui (tentative d’épuisement)

Celle qui n’était pas là. Celle qui récitait Racine. Celle qui riz au lait. Celle qui peignait. Celle qui peignait aussi. Celle qui a écrit des poèmes. Celle qui a essayé. Celle qui a fait des enfants. Celle qui grimpait aux arbres. Celle qui avait un diplôme de chimie. Celle qui ne s’est jamais mariée. Celle qui a disparu et Continuer la lecture#2 Personnages | Celles qui (tentative d’épuisement)

celle qui un jour a posé son regard dans le vide

Celles qui encore allaient au lavoir, battaient, brossaient, rires, sueurs et prières pour ceux qui s’en sont allés dans les campagnes. Celles qui encore allaient à l’église le dimanche en grimpant le San Pedrone du hameau vers le village. Celles qui encore parlaient le corse dans leurs longues jupes noires a funtana. Celles qui par deux fois ont été veuves. Continuer la lecturecelle qui un jour a posé son regard dans le vide

propos sur les bouches qu’on nettoie à la salive, les fémurs et les probablement mortes

c’est un propos de konstantin peterzhak . encore un . c’est extrait du volume 24 des propos qu’il tient au jour le jour à l’époque soviétique . cette fois c’est à moscou . dans la rue . dans le grand froid . tard le soir . cette fois c’est à propos de ses femmes et de ses hommes de cœur . des bouts de femmes des bouts d’hommes qu’il porterait en lui et qui l’auraient fait. c’est en réponse à ce que vient de dire olga bouchoueva . son amie et collègue olga bouchoueva . une fois de plus c’est georgy flyorov qui transcrit . une fois de plus il est impossible de dire ce qui revient à peterzhak ce qui revient à flyorov . la part de réel la part d’invention . c’est une galerie de portraits . le titre est de moi . le volume 24 s’intitule quant à lui CONSIDÉRATIONS SUR LE NEZ DES CHIENS ET LE NEZ DES RATS . ce titre est de flyorov . il rapporte un voyage officiel à moscou . un voyage en voiture . konstantin peterzhak n’arrêtant pas de dire . comme à son habitude . konstantin peterzhak tenant des propos . comme à son habitude . c’est au retour à l’instant de rentrer à Dubna qu’il dit . Continuer la lecturepropos sur les bouches qu’on nettoie à la salive, les fémurs et les probablement mortes

« Car c’est un visage, un jardin! » (*)

Qu’en est-il de cette courbe délicate qu’effleurent mes doigts ? Sous le grain, lisse et doux, de ta peau voici voyages et récits. J’essaie de les lire, d’en deviner les mots le long des traits fins de ton visage, comme ce sourire que tu esquisses gardant l’énigme de ta vie. Un simple sourire serait-il ton visage ? Déjà confus. Déjà flou. Simple Continuer la lecture« Car c’est un visage, un jardin! » (*)

Visage

Paupières closes parce que tu t’appliques. S’entrouvrent pour suivre tes doigts. La recherche dans le regard. Le tempo avec les joues. Parce que tu te concentres. Les sourcils qui s’avancent. Tu portes l’eau au creux de la main jusqu’à tes yeux. Tu les asperges. Des ruissellements se forment jusqu’au menton. Tu reprends de l’eau au creux de la paume pour Continuer la lectureVisage

Trois jeunes tambours

Celle qui m’accueillait au bord du lit, chambre en ville, trottoirs sous la nuit, avec du thé et le porte-monnaie de Michel Jonasz, son pinceau de poil de martre et ses pièces de un franc usées. Celle qui, pour m’endormir, fredonnait Trois jeunes tambours. Celle qui n’avait pas d’âge, ses robes imprimées, enveloppantes, qui nous racontait sa guerre avec humour, Continuer la lectureTrois jeunes tambours

Celles qui te reviennent

Celle qui fait le chemin dans l’autre sens; celle qui ne se déplace qu’en rêve; celle dont tu as entendu parler; celle qui soulève tous les cercles de la cuisinière à mazout pour qu’en descendant les enfants n’aient pas froid; celle qui a du pain sur la planche; celle qui dit toujours  quand elle s’insurge : « Il ne faut pas attiger »; Continuer la lectureCelles qui te reviennent

Paria

Le jeu des visages inversés Ton visage au dessus du mien, retourné : une espèce de gueule incompréhensible et grotesque. Tes longs cheveux s’enracinent dans ma nuque, te dessinent une barbe, tes sourcils tracent des cernes en dessous des yeux. Entre les deux s’insinuent les rides du lion soudain changées en un genre de truffe, alors que ton front, dans cet Continuer la lectureParia