Éclats de Vies

Celle qui s’est sentie moineau sans ailes sur une terre inconnue. Celle qui n’a pas quitté les rives de l’incertitude. Celle qui eut un coup de foudre un dimanche à l’église et qui boita toute sa vie. Celle qui ne buvait que dans la tasse ébréchée du matin. Celle qui usurpa l’identité de sa sœur, celle qui boitait, pour se Continuer la lectureÉclats de Vies

Invention foule gare du Nord réseau banlieue

Deux grands courants sombres se croisent, celui qui monte, celui qui descend, une sorte de ralentissement, cadeau gracieux d’une minute d’escalators dans le chassé-croisé du matin ou du soir. Regards vagues, les visages flottent au-dessus de la mêlée sur les vêtements à dominante grise ou noire, c’est à qui passera le plus inaperçu. En haut, côté lignes de banlieue, on Continuer la lectureInvention foule gare du Nord réseau banlieue

Celle qui pissait droit debout

couteau

Celle qui ne porta jamais de culotte et pissait droit debout Celle qui accoucha en allant à l’herbe aux lapins, coupa le cordon avec la faucille et ne rentra qu‘une fois son panier plein Celle qui était myope et  dont l’amoureux ne revint jamais plus. Tous les jours il passait sur un cheval blanc la saluer sous sa fenêtre, un Continuer la lectureCelle qui pissait droit debout

Toutes celles…et toutes les autres

Celle qui a quitté son pays suivant le mari, traversé une frontière pour vivre ailleurs, pour une meilleure vie, cinq enfants en vingt ans et le travail dans l’épicerie familiale, celle qui s’est échinée toute sa vie, petite et menue et forte quand-même. Celle qui cuisinait les patates à la poêle mieux que personne, celle qui savait coudre des gants Continuer la lectureToutes celles…et toutes les autres

Celle qui m’enchaine à son absence, interrompant mes racines. Me laissant orpheline de toutes celles avant elle. Me laissant seule pour démêler l’écheveau de leurs vies. Mille-feuilles de cheveux gris, bruns, longs ou courts, secs et cassants, remontés en chignons ou endeuillés, dissimulés sous un foulard. Seule pour identifier les poitrines allaitantes, opulentes puis flétries. Seule pour dire les mains Continuer la lecture

Quand vos yeux coïncident

Ta petite peur, croiser son visage. Peur sans danger, mais terreur. Tu as appris à oublier entre deux rencontres, puis silencieux vertige te revient dès qu’à nouveau son visage. Tu as appris à ne pas le voir, à l’enliser halo. Tu regardes plus bas, plus haut ; te soustraire à l’axe d’entre toi et lui. Conjurer cette ligne qui nouerait tes Continuer la lectureQuand vos yeux coïncident

« Oh mon tonneau des Danaïdes ».

Celle dont il voudrait tellement se souvenir. Celle qui avait tenté de se jeter dans le puits alors qu’elle l’attendait. Celle qui finit par s’empoisonner mais c’était après que sa soeur fut venue au monde. Celle qui l’avait habillé en petit marquis pour le carnaval. Celle qui discutait sous ses yeux éperdus, tellement grande à son regard d’enfant, avec une Continuer la lecture« Oh mon tonneau des Danaïdes ».

Celles qui l’habitent

Toutes celles qui l’habitent arpentent son anneau de Moebius en un temps linéaire aboli, les images sont vivantes — celle qui marche à pas rapides et décidés, sur le chemin des vignes, le panier porté à coude replié, impatient d’être rempli de figues tendres emmaillotées dans leurs propres feuilles rugueuses, —celle qui longe le mur de pierres chauffées à blanc Continuer la lectureCelles qui l’habitent

visage c’est l’ennui qui teinte ma vie en chromatique exaltée

visage c’est l’ennui qui teinte ma vie en chromatique exaltée (urticaire à paraître) hygiénisme du bien-être qui défraie sa chronique de boutons et la maladie des chiens qui dansent visage crève la dalle. quel visage quand la puce électronique fait des bonds sur mon hypothalamus à Naziland les nazis sont irreconnaissables car ils portent le masque du bonheur commun que Continuer la lecturevisage c’est l’ennui qui teinte ma vie en chromatique exaltée