What a beautiful day

Après avoir longé une fabrique et traversé un petit village, la piste en enrobé serpente le long d’une rivière, au courant nonchalant. Je profite d’une halte aménagée pour m’arrêter : un abri avec une toiture en bois et une grande tablée, une autre table avec bancs devant un foyer de barbecue. Peut-être aurais-je mieux fait de dormir là. En cette Continuer la lectureWhat a beautiful day

la femme dans le train

Elle est entrée dans le train en gare d’Embrun. Elle a choisi une place de l’autre côté de la travée, en face de moi. Dans le sens contraire de la marche. J’ai trouvé ça étonnant ; moi je déteste voir le paysage défiler à l’envers. J’ai pensé qu’elle avait peut-être envie de discuter. Mais non, son regard a glissé sur Continuer la lecturela femme dans le train

celles qui et ceux aussi

Celle qui voit ses cheveux blanchir en une nuit quand la maison disparaît et qui cinquante ans après, chaque matin admire les beaux hortensias, les oublie et les retrouve le lendemain, nouveaux chaque jour, plaisir intact. Celui qui, homme de peine, voyage de chantier en chantier et finit par tenir le bar, grand comme un bœuf, doux comme un agneau.Celle Continuer la lecturecelles qui et ceux aussi

chemin de halage

Assis sur un banc, il dodeline. À ses pieds, un sachet fatigué, déchiré, un sachet qui a l’air d’avoir déjà battu des kilomètres de pavé. Dans les yeux de l’homme, on lit l’absence. Le regard est loin, de nous, de la vie, loin de lui peut-être. La tête, surmontée d’un bonnet mou, la tête surtout, dodeline, mais pas seulement, le Continuer la lecturechemin de halage

Vengeance

Hier, j’avais rendez-vous avec mon amie Luce hospitalisée à la cafétéria de la clinique Saint Paul. Je l’attendais tranquillement en tentant de boire un café acre et brulant. Cet espace clos était plutôt rassurant (peu de monde, couleurs pastel du sol au plafond y compris pour les présentoirs à friandises et journaux). Je ronronnais dans une douce chaleur et mon Continuer la lectureVengeance

La libé

Sur l’étal du marché, des poireaux en très grandes quantités et deux bottes d’épinard. Je prends une botte d’épinard frais et la sens. L’épinard n’a pas d’odeur (comme l’oseille, comme l’argent) ; c’est idiot de sentir les feuilles d’épinard frais mais c’est trop tard, le mal est fait. Je trouve une excuse : je veux sentir la fraîcheur. La marchande mugit quelque Continuer la lectureLa libé

L’homme au chapeau mou

L’autre jour, dans la rue qui monte vers le château, le petit homme au chapeau mou sous une pluie qui rayait l’espace comme autant de ligne d’écriture. Il avançait sans donner l’impression d’être importuné par le mauvais temps. Même on pouvait voir à son sourire qu’il prenait plaisir à l’averse. Les maisons le regardaient passer avec un air à la Continuer la lectureL’homme au chapeau mou

La mystérieuse

Elle était déjà assise à la terrasse quand je suis arrivé. Evidemment elle attire le regard avec son élégant chapeau de paille et ses deux colliers qui réveillent l’émeraude de sa robe. On la sait étrangère à la langue qu’elle utilise pour commander une boisson fraîche mais son profil aristocratique, son aisance donnent le sentiment qu’elle appartient au décor de Continuer la lectureLa mystérieuse