Archives de la catégorie : #personnages
What a beautiful day
Après avoir longé une fabrique et traversé un petit village, la piste en enrobé serpente le long d’une rivière, au courant nonchalant. Je profite d’une halte aménagée pour m’arrêter : un abri avec une toiture en bois et une grande tablée, une autre table avec bancs devant un foyer de barbecue. Peut-être aurais-je mieux fait de dormir là. En cette Continuer la lectureWhat a beautiful day
la femme dans le train
Elle est entrée dans le train en gare d’Embrun. Elle a choisi une place de l’autre côté de la travée, en face de moi. Dans le sens contraire de la marche. J’ai trouvé ça étonnant ; moi je déteste voir le paysage défiler à l’envers. J’ai pensé qu’elle avait peut-être envie de discuter. Mais non, son regard a glissé sur Continuer la lecturela femme dans le train
celles qui et ceux aussi
Celle qui voit ses cheveux blanchir en une nuit quand la maison disparaît et qui cinquante ans après, chaque matin admire les beaux hortensias, les oublie et les retrouve le lendemain, nouveaux chaque jour, plaisir intact. Celui qui, homme de peine, voyage de chantier en chantier et finit par tenir le bar, grand comme un bœuf, doux comme un agneau.Celle Continuer la lecturecelles qui et ceux aussi
Docteur C.
J’ai rendez-vous avec le docteur C. Il a plus d’une heure de retard quand vient mon tour. Il me tend la main droite – que je saisis – de la gauche il referme la porte de la salle d’attente. Il me précède dans le couloir. Il n’est pas grand, à peine plus que ma taille. Il est jeune, une trentaine Continuer la lectureDocteur C.
chemin de halage
Assis sur un banc, il dodeline. À ses pieds, un sachet fatigué, déchiré, un sachet qui a l’air d’avoir déjà battu des kilomètres de pavé. Dans les yeux de l’homme, on lit l’absence. Le regard est loin, de nous, de la vie, loin de lui peut-être. La tête, surmontée d’un bonnet mou, la tête surtout, dodeline, mais pas seulement, le Continuer la lecturechemin de halage
Vengeance
Hier, j’avais rendez-vous avec mon amie Luce hospitalisée à la cafétéria de la clinique Saint Paul. Je l’attendais tranquillement en tentant de boire un café acre et brulant. Cet espace clos était plutôt rassurant (peu de monde, couleurs pastel du sol au plafond y compris pour les présentoirs à friandises et journaux). Je ronronnais dans une douce chaleur et mon Continuer la lectureVengeance
La libé
Sur l’étal du marché, des poireaux en très grandes quantités et deux bottes d’épinard. Je prends une botte d’épinard frais et la sens. L’épinard n’a pas d’odeur (comme l’oseille, comme l’argent) ; c’est idiot de sentir les feuilles d’épinard frais mais c’est trop tard, le mal est fait. Je trouve une excuse : je veux sentir la fraîcheur. La marchande mugit quelque Continuer la lectureLa libé
L’homme au chapeau mou
L’autre jour, dans la rue qui monte vers le château, le petit homme au chapeau mou sous une pluie qui rayait l’espace comme autant de ligne d’écriture. Il avançait sans donner l’impression d’être importuné par le mauvais temps. Même on pouvait voir à son sourire qu’il prenait plaisir à l’averse. Les maisons le regardaient passer avec un air à la Continuer la lectureL’homme au chapeau mou
La mystérieuse
Elle était déjà assise à la terrasse quand je suis arrivé. Evidemment elle attire le regard avec son élégant chapeau de paille et ses deux colliers qui réveillent l’émeraude de sa robe. On la sait étrangère à la langue qu’elle utilise pour commander une boisson fraîche mais son profil aristocratique, son aisance donnent le sentiment qu’elle appartient au décor de Continuer la lectureLa mystérieuse