Aux Vacillantes

De jourOuvertAux VentsMais videPoussière Soleil Sans ombre : Fantôme Pas un gardePas un sonFors le ventDans ces ruesInventéesIl chuchoteSur les tracesOubliées La nuit d’avantPar une foule— Un vantail claque —InconcevableDans ce désertBrûlé à l’osFoulant ce solDe cartilage Une étoile piqueLe ciel violetLes marchands se montrentLes commis les suiventEt les vas-y-direLes rideaux de ferLes stores de boisGrincent dans le soir À Continuer la lectureAux Vacillantes

Sur le vif

Auto-stoppeur au Pont-de-Champ. Grand adolescent, –Merci Monsieur, je vais devant la Mairie de Pont-de-Claix. Un bas de survêtement, une veste matelassée usée, cheveux noirs écrasés. Odeur de tabac. Il est d’ici. Ce territoire où l’on rejoint. Parce qu’on est périurbain. Le relief est sédimentaire. La Romanche verse dans le Drac. La plaine est à l’industrie et aux bancs de graviers. Continuer la lectureSur le vif

Frères humains….

C’est dans la closure de la prison. La partie consacrée aux activités « culturelles. Il n’y a pas d’autre endroit. En tout cas on n’en connaîtra pas d’autre. Les couloirs nus avec des portes qui s’ouvrent de chaque côté. Ou plutôt qui restent fermées, c’est le principe même du lieu. Le plus souvent ils viennent poussés par autre chose que leur Continuer la lectureFrères humains….

Le patient américain et les autres

Salle d’attente du service de radiologie. Personne ne paraît inquiet. Plutôt impatient, englué dans l’inconfort de l’attente. La routine d’un suivi médical auquel on s’est résigné. Il est assis comme un « i », la tête posée sur de larges épaules. Santiags, jean ceinturé, perfecto clouté, cheveux bouclés longs dans la nuque, oreilles percées dégagées. Genre increvable, genre droit dans ses bottes, Continuer la lectureLe patient américain et les autres

L’homme du jeudi

La voiture aux phares éteints est garée. Pas sur un espace autorisé, mais elle ne gêne presque pas. Les bus ne passeront plus jusqu’à demain. Il est assis. Pas de lumière dans l’habitacle. Il n’est pas penché vers son téléphone. Il regarde devant lui et ne regarde rien. Il a croisé sa voiture en arrivant. Elle va la garer sur Continuer la lectureL’homme du jeudi

Sanglots

C’était la première fois que nous venions dans cette ville où tout allait trop vite. Même le dimanche. Les voir tous au coude à coude sur les trottoirs, courir presque, s’engouffrer lave humaine dans les escaliers et les couloirs du métro. À notre arrivée on s’était instinctivement accrochés du regard, ébranlés par le même étourdissement et son léger relent de Continuer la lectureSanglots

Et en bas coule la rivière

Je décide de m’arrêter sur la place du village. Envie d’une pause, d’un café. Le bar est ouvert. Bondé. A l’ouverture de la porte, la chaleur me gifle, me renverse. J’avance vers le zinc, un grand café, s.v.p., allongé. Le barman me regarde sans sourire, mais ses yeux sont partout, accueillants, attentifs. Il finit d’essuyer le verre, lâche le torchon, Continuer la lectureEt en bas coule la rivière

Petit registre

Du jazz, un mobilier blanc design, des roses en bouquet rond, deux petites tables basses dodécagonales marquetées, des protège-revues en plastique bleu masquent les titres, un sol gris en béton ciré, un ascenseur translucide, 1% culturel d’un tableau d’affiches déchirées dévoilant un mur moisi, une discrète orchidée violette, l’extérieur déformé par le sablage des vitres anciennes, dentelles floues et végétale Continuer la lecturePetit registre

Sésame

C’était en 1965, elle m’impressionnait et je ne sais toujours pas pourquoi elle m’avait repérée. Son cours de français s’adressait aux élèves qui suivaient avec elle ceux de latin et de grec (de grec surtout). Les références courraient d’un cours à l’autre au-dessus de la tête des autres filles. – Vous voudrez bien nous faire un exposé sur l’attribution du Prix Continuer la lectureSésame