En leur for intérieur

Nanda Autour de ses yeux, deux ronds noirs et profonds qui soulignent son regard noir et perçant. Déclinaison de peau aux tons ocres et siennes du coin de l’oeil jusqu’à l’extrémité de la tempe. En son for intérieur : une chouette perchée sur l’arbre du jardin, près de la cabane de son enfance, contemple silencieuse le poignard ensanglanté que serre les Continuer la lectureEn leur for intérieur

appel de Managua

— écrire téléphone fiction, se débrouiller avec les personnages, le récit viendra, mais quand on cause dans cet appareil, à aucun moment on ne voit l’autre, et c’est flippant à force, surtout quand on n’a pas vu notre interlocuteur depuis longtemps et qu’on n’a plus idée de son visage, sans compter les coupures, les interférences, les décalages, les grésillements inopinés qui Continuer la lectureappel de Managua

Appel’ oubli

comme un oiseau sur la branche oui et pas qu’un peu bien pire encore comme l’épervier haut dans le ciel haut qui tournoie dans le gris et le vent et le tourment du gras du ciel avec nuages se côtoyant se bourrant la gueule pour finir par se heurter violemment et s’ouvrent se dégonflent bavent l’eau de leurs yeux salement Continuer la lectureAppel’ oubli

Un visage

Tu me parles de ton enfance parmi les grains de sableTu t’enfonces alors dans ce temps qui s’égoutte entre les doigtsJe te vois, tout petit, les ombres dansent autour de toiJe m’enlise, le sel de mes yeux, comme celui de la mer, brouille ton image, je ne te vois plus clairement Les lignes se brouillent, d’autres se superposent, apparaissent comme Continuer la lectureUn visage

Malédiction

Alexandre S n’en revient pas, il s’en veut, de ces appels manqués et d’un numéro qu’il ne connaît même pas. Il n’avait pas entendu la sonnerie ou n’avait pas voulu entendre. Ça lui arrivait souvent cette amnésie téléphonique. Ce qui l’énerve, c’est l’absence de message. Des appels manqués sur le vide. Après tu peux imaginer n’importe quoi , n’importe qui. Continuer la lectureMalédiction

Cassandre

Elle est plantée au milieu de l’allée reliant la cité à la grande surface … un lien  pratiqué naturellement par les générations qui ont poussé dans le quartier, faisant même naître au fil des ans une nouvelle école … mais là, il se passe autre chose : on dirait qu’elle s’interpose -mais entre quoi et quoi ? Entre ce monde-ci et l’autre, Continuer la lectureCassandre

Eux deux

Mère Morceau de bois de forme rectangulaire. Bûche beige mouillée, parcourue de ridules. Usure du parchemin quand la peau devient trop fine. Barre horizontale de la bouche et puis cette poche considérable là sous le menton. En son for intérieur: une rage jamais avalée, jamais digérée malgré tout l’espace de la poche. Rage contenue, oiseau noir, aigle aux griffes acérées. Continuer la lectureEux deux

CLIGNANCOURT 23 47

Tu téléphones en pédalantTu téléphones tous les jours à ta mèreIl t’appelaitTu l’appelaisTu l’épelaisVoix 1 — Je raccrocheVoix 2 — AttendsTous les jours tu ne téléphones plus à ton père Tu n’appelles Plus Laure Non PlusPlus Pas JamaisPlusPas plus L ni K d’ailleurs Ni G non plus ni D ni L ni …Tu sonnes dans le videTu laisses sonnerTu es Continuer la lectureCLIGNANCOURT 23 47